Spark Critic: Now available in Redux!
C'est très difficile pour moi de faire une critique d'Apocalypse Now.
Je n'arrive pas à m'empêcher de penser que je suis passée à côté d'un truc – voire du film. Mais je tiens à préciser tout de suite que je ne suis pas disposée à me le ré-infliger pour confirmer ou infirmer.
J'en ai lu tellement de bien, ici, ailleurs. J'en entends parler depuis tellement longtemps...
Alors oui, le fait que ça soit – malgré tout ce qu'on veut bien en dire – d'abord un film de guerre aurait dû m'alerter sur son potentiel soporifique pour moi. Mais j'ai aimé Outrages, de De Palma, pour ne citer que celui-là. Pis, au fond de mon ptit cœur, je suis pas si sectaire. Je n'avais donc aucune raison de ne pas lui laisser sa chance.
Première chose : ne plus jamais m'attaquer à un film dont le genre ne m'inspire pas au départ, via sa version LONGUE. Oui, j'écris longue en majuscule, quand ladite version représente quand même 3h14 de calvaire. J'ai dû m'occuper pendant le visionnage pour ne pas m'endormir/mourir d'ennui. J'avais les yeux sur l'écran quand même : ne croyez pas que j'ai raté quoi que ce soit du film. Juste qu'il fallait que je sollicite mon corps, pour ne pas tomber en léthargie totale.
J'ai bien saisi qu'il se passait sous mes yeux quelque chose de fort, d'empli de symboles (christiques, métaphysiques, platoniciens,...). Que ce film est un chef-d'œuvre esthétique, a fortiori quand on connait son année de sortie. Que la musique qui l'accompagne est entêtante (mais parfois un peu datée, à mon sens). Que Coppola nous a offert quelques moments mythiques de Cinéma.
Mais tout ça est noyé dans une rivière d'ennui, de lenteur, de platitude, de torpeur tropicale en fait (ouah la métaphore filée qui colle au film !!§!!). 3h14, pour nous parler d'une poignée de bonhommes qui remontent un fleuve jusqu'à un temple païen, c'est quand même super long.
Parlons-en de ces bonhommes d'ailleurs.
Le capitaine Willard est sans relief pour moi. Ce qui est fâcheux quand on parle d'un héros. Et les seconds rôles ne sont pas là pour rattraper le niveau. Ils sont sympas, mais sans charisme. Je veux bien croire que Coppola a voulu nous présenter des gamins propulsés là sans conscience de ce qu'il se passait réellement. Mais sérieusement, le surfeur qui bronze au soleil sur le bateau de l'armée ?
[Spoil, attention]
J'ai été extrêmement déçue de voir que les deux personnages qui meurent en premier sont les deux Noirs. Je m'attendais à quelque chose de moins cliché pour un film de cette trempe, mais force est de constater qu'il saute à pieds joints dans le poncif à ce niveau-là. La mort de Clean, d'ailleurs, est censée être très émouvante, avec la voix de sa mère en fond sonore. Elle ne m'a fait ni chaud ni froid : avant cette scène, le personnage n'avait eu l'occasion de mettre en avant aucune aspérité à laquelle on aurait pu s'accrocher pendant son agonie. Bien. Laissez-le crever. Et passons à la scène suivante. Certes, c'est un gamin venant de perdre sa virginité qui meurt au combat. Mais c'est factuel. Aucune implication émotionnelle en ce qui me concerne. Et je le regrette. Pour moi, un film bien fait m'aurait rendue extrêmement triste à la vision de ce passage.
[/Spoil]
Quant au lieutenant-colonel Kilgore, je ne sais pas si le but était de nous présenter un personnage too-much de manière assumée, pour souligner la vacuité de cette guerre ou je ne sais quoi, ou bien s'il est censé être un minimum crédible. Dans le doute, on va juste dire que je l'aime pas.
Pour finir sur les personnages, toute la partie sur la plantation française (dans la version Redux donc, à ce que j'ai compris) est pénible, sans intérêt à mon avis, et surtout scandaleusement mal jouée par les Français. Je ne parle même pas de leur accent anglais ridicule ; mais les passages en français m'ont mise mal à l'aise, tellement c'était poussif.
Sur la forme, Apocalypse Now est (malheureusement, pour moi) avant toute chose un film de guerre. Genre que je n'affectionne pas. Et j'ai vraiment pensé, avant visionnage, que je pourrais passer outre, sur base de toutes les recommandations qu'on m'en a faites. Ben nan : c'est quand même plus de 3h dans la jungle entre des attaques au napalm, du largage de bombes, du massacre de civils et autres joyeusetés hautement fascinantes pour la pacifiste que je suis. Je suis assez intelligente pour comprendre que derrière cette forme, il y a un message. Un message fort peut-être, dilué dans cette lenteur mâtinée de bombardements. Heureusement qu'il y a un minimum de propos derrière chaque film de guerre d'ailleurs. Mais je pense que c'est illusoire d'imaginer que quelqu'un qui n'aime pas les films de guerre transcendera cette aversion face à Apocalypse Now. Il est quand même grandement versé sur la guerre.
Je n'ai peut-être pas assez de références, pas assez de culture sur la guerre du Vietnam, pas assez de recul sur l'œuvre cinématographique que nous a proposé Coppola, mais j'ai trouvé son film hautement bancal, ennuyeux, et enfonçant des portes ouvertes. Tu te bats dans une guerre qui n'est pas la tienne > tu deviens fou. OK.
Tous les messages annexes, certainement puissants pris individuellement, sont à mon avis totalement desservis par la longueur et la lenteur du film. Ok, j'ai regardé la version longue et ça m'a pas aidée. Mais je pense sincèrement que 2h14 c'était déjà trop.
Il rejoindra la somme des films qu'on m'a conseillés à mon corps défendant.
Plug_in_Papa, je te hais, bisou.
Non, sérieusement, ce n'est pas un film pour moi.
J'aurais pu tout simplement écrire ça, en guise de critique, et j'étais partie pour un truc du genre. Mais finalement je me suis laissé emporter par mon fiel. Ou bien j'avais juste envie d'être (aussi) constructive (que possible). Le commentaire laconique que je comptais laisser s'est transformé en version Redux. Merde, vous êtes en train de mourir d'ennui devant cette critique !
Un 5/10 parce qu'il ne mérite pas moins dans l'absolu, pour tous ses bons côtés. Mais dans mon échelle personnelle il vaut à peine 2/10.