Mais qu'est-ce que c'est bidon ! J'en ai vu des films ringards parce que surcoté par une cohorte de fans prépubères, mais là je crois que l'on décroche le pompon. Je n'aurais pas cru mettre une note pareille à ce film. Je m'attendais à quelque chose d'intéressant, de foisonnant, d'intelligent.
Déjà, vouloir philosopher sur le sens de la vie et de la réalité est casse-gueule en soi. Ce n'est même pas d'avoir le bac, mais au moins d'avoir une logique, un propos, une vision. Ca évite de nous ressortir toutes les évidences les plus débiles sur le sujet.
On se retrouve dans une bouillie crypto-philosophique creuse (un comble !), où tout, sans exception, nous est expliqué et sur-expliqué. Jamais on ne "vivra" la matrice, jamais on ne "ressentira" quoique ce soit de ces univers parallèles où se côtoient, pourtant, des êtres humains utilisés comme des batteries et cet univers factice de "notre" monde contemporain à nous qu'on a.
Jamais cet univers matricielle ne sera mis à profit, en exploitant des détails pour nous aiguiller, nous donner envie d'y vivre, même de vivre ce côté "entre les deux", bref de nous faire apprécier cette liberté devant cet univers aseptisé conçu par les machines. Aucun détail ni élément n'est exploité pour aller plus loin. Pas même le clochard témoin de la scène de fin, pas même les témoins de l'accident de l'hélicoptère, ces "aberrations" auraient pu secouer la matrice. Et non, nous nous contenterons de quelques atermoiements pseudos philosophiques et de comportements stupides, tout ça pour entretenir un suspense qui n'a aucun intérêt. La capture de Morpheus était en soi ringarde par sa facilité scénaristique. Son sauvetage de même (Tout ce qu'a trouvé la matrice pour entravé Morpheus sont de banales menottes ?), et lorsque Trinity insiste pour discuter avec Néo devant le téléphone qui les ramènera "dans la réalité" tout ça pour donner le temps aux Agents Smith de rattraper le groupe, comment dire...
Un film dénonçant le faux fait dans le factice, on aura tout vu.
On ne ressent pas cette "liberté" retrouvée, ce qu'elle apporte en bien et en mal. D'ailleurs, la trahison de Cypher est juste catastrophiquement gérée, plate, nulle, sans intérêt, n'apporte rien au final si ce n'est un faux suspense (encore un), à une histoire qui, il est vrai, avait besoin d'un autre point de vue. C'est fait, mais avec la classe d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
D'autant lorsque s'accumulent les absurdités et les incohérences les plus stupides. Néo qui découvre qu'il peut tuer les Agents Smith en "entrant à l'intérieur"... Mais il préfère fuir devant d'autres ! Ou, lors du combat dans la station de métro abandonnée, Néo combat un Agent Smith dont le chargeur est... vide. Les machines ne sont donc pas capables de créer des algorithmes empêchant leurs petits soldats de subir ce genre d'ennuis ?
En fait, involontairement, les Frères W. sont victimes d'eux-mêmes, en dénonçant le factice avec un film... factice ! Aucune idée ne sort du lot, philosophie au ras des pâquerettes, certes la réal "innovait" avec le bullet time, mais enfin, on ne regarde pas un film juste pour ça.
Le plus amusant étant les musiques de fin, d'un ridicule consommé. Non pas en tant que tel (Rage Against The Machine et Marylin Manson, avec pour thème la révolte contre un système aseptisé), mais pour leur utilisation aussi usée et attendue. D'autant que ce film, en soi, n'appelle en rien au réveil face au système et encore moins à une opposition contre lui.
Et ils récidiveront avec la nullité Matrix II (puis III), malheureusement pour nous le succès fut au rendez-vous. Et c'est bien là l'un des pires malheurs de l'humanité, qu'un film qui au final dessert sa cause, médiocre intrinsèquement, se retrouve porté aux nues par les moutons de Panurge...