Ah, elle m'aura fait rêver cette affiche un peu moche de la VHS de Mausoleum sorti chez SVP (Super Vidéo Production) au début des années 80. Il y-avait dans cette image tout ce qu'un pré-adolescent en quête de sensations fortes pouvait espérer piocher dans l'eldorado de la VHS. Avec cet accueillant décolleté laissant entrevoir l’opulence charnelle d'une poitrine généreuse et ce visage démoniaque et terrifiant se combinait dans un seul visuel Éros et Thanatos, plaisir et souffrance. Si je me souviens parfaitement du visuel (Comment l'oublier) en revanche je serais bien incapable vous dire si j'avais vu le film à l'époque, ce qui est assez symbolique d'un film alléchant sur le papier et finalement totalement oubliable dans la réalité.
Mausoleum raconte l'histoire de Susan une femme qui se retrouve possédée par un démon depuis que enfant elle s'était introduite dans un mausolée après la mort de sa mère. L'histoire se résume grosso merdo à ce simple postulat de départ.
Mausoleum est un film qui dans son visuel et son rythme ressemble à un petit téléfilm pantouflard des années 80, le réalisateur Michael Dugan (quatre films en 40 ans) mettant bien platement en image un scénario qui se contente lui aussi du strict minimum. La principale attraction du film reste peut être la sculpturale comédienne californienne Bobbie Bresee qui connaîtra une courte et tardive carrière de scream queen avec des films tels que Ghoulies- Surf Nazis must Die et Evil Spawn. L'actrice peu avare du charme de ses 36 printemps incarne ici une femme sorte de desparate housewives dont la possession va aussi décupler l'appétit sexuel. Même si objectivement la comédienne n'est pas extraordinaire dans son jeu, elle demeure par sa générosité l'une des principales satisfaction du film. L'autre aspect sympathique du film reste ses quelques débordements horrifiques et bien gore lorsque Susan utilise ses pouvoirs de télékinésie à la Scanners pour se débarrasser de ses rivaux avec tête qui explose, corps qui se déchire, visage à moitié fondu et chute mortel sur objet contondant à forme dangereusement phallique. Les effets spéciaux et maquillages sont assez réussis même si ils versent parfois allégrement dans la série Z à l'image de ce démon féminin assez ridicule (mais fun) dont les nichons sont remplacés par des petites têtes de monstres aux dents acérées. On notera aussi que si sur certaines scènes la comédienne porte des lentilles vertes pour lui donner un aspect maléfique assez réussi dans de nombreuses autres l'effet semble avoir été grossièrement colorié sur la pellicule pour un résultat beaucoup moins convaincant. Le film fait aussi parfois preuve d'un certain sens de l'humour comme lorsque Susan demande à sa bonne (Une domestique noire bien caricaturale à la limite du racisme) de partir lui acheter des goyaves, la domestique lui demande comment ça s'écrit, Susan qui fait alors honneur à toute sa blondeur réfléchit un court instant puis se ravise devant la difficulté : "Finalement achète moi des melons" .
Mausoleum est un film assez daté dans son visuel et ses effets, entre ses lumières fluorescentes vertes et fuchsia digne d'une boîte de nuit de province, ses effets de fumée digne de la même boîte de nuit, ses maquillages qui transpirent le latex, ses bruitages synthétiques un peu ridicules tout sonne très années 80 pour le meilleur comme pour le pire. Tout ceci serait plutôt amusant si encore une fois Michael Dugan ne nous livrait pas un film aussi paresseux dans sa mise en scène et vide dans son contenu car il faut bien le reconnaître Mausoleum ne raconte strictement rien de plus que son pitch de départ avec une vague malédiction, une femme possédée par la force verte et un médecin qui va tenter de la sauver. On retrouve également au générique de Mausoleum l'acteur délicieusement médiocre Marjoe Gortner dont on n'a déjà pu croiser le brushing parfait dans Starcrash , Tremblement de Terre ou Soudain les Monstres. Dans le rôle du mari de Susan le comédien se livre à un joyeux numéro de cabotinage parfois assez savoureux. Au bout du compte entre deux mises à morts graphiques et quelques séquences érotiques un peu épicées il est difficile de véritablement se passionner pour ce Mausoleum qui semble pourtant avoir conquis les festivaliers du film fantastique de Paris en 1983 dont il repartira avec le Grand Prix.
Inédit en salles, distribué uniquement en VHS au début des années 80, Mausoleum possède du fait de sa rareté une certaine aura de fascination auprès des cinéphages déviants nourris à la bande magnétique. Le film qui est disponible sur Freaks On livre maintenant sa bien triste vérité, il est parfois préférable de fantasmer longtemps sur un film sans l'avoir vu que de se confronter à ce qu'il est vraiment. Mausoleum aussi décevant soit il reste tout de même une petite série B plutôt amusante à regarder.