Mauvaise Fille par laurentjack
"Mauvaise fille" est une espèce de puzzle. Mais pas de ceux dont on découvre, une fois les pièces assemblées, l'intelligence de la mécanique. Au contraire. Ces dernières ont du mal à s'accorder, sont posées grossièrement les unes à coté des autres. Les unes sur les autres.
Au départ pourtant, l'intention semblait bonne. Patrick Mille met en scène le roman de sa femme, Justine Levy. Une histoire autobiographique qui questionne le rapport mère-fille, surtout quand ce dernier était inexistant à l'âge de l'enfance. La bande annonce proposait une image grave, celle d'une jeune fille enceinte, jouée par Izia Higelin et alter ego de l'auteure, pleine de doutes sur sa capacité à être mère.
Au chevet de sa génitrice, mourrante, elle ne sait comment lui annoncer sa grossesse. Mais au lieu de creuser davantage ce questionnement sur la figure maternelle, on nous dresse plutôt le portrait du couple bobo parisien. Elle est lectrice, son petit ami est comédien, le père est un rocker à succes anglais (Bob Geldof incarne un BHL au look d'Higelin "père" - normal quand on sait qui est Izia - un clin d'oeil?). Certes, Justine évolue dans ce milieu, mais était il nécessaire de le préciser avec tant d'insistance sachant le peu d'impact qu'il a sur la relation mère-fille? alors que le spectateur devait ce sentir proche des personnages, cet exces l'en éloigne au contraire. Si bien que le film doit fabriquer artificiellement quelques moments faussement humains pour susciter le pathos. Les exces de la mère, son irresponsabilité, son autodestruction sont expediées en quelques images, soupoudrées ici et la par de mini flashbacks. Le jeu des acteurs n'est pas remis en question. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient dans un film qui erre, et dont ne voit ni les contours, ni la fin.
Au final, Mauvaise fille aurait pu n'être qu'un film chiant. Il va plus loin, c'est un film nul.