Mauvaise foi par BibliOrnitho
Clara et Ismaël vivent ensemble depuis maintenant quatre ans. Enfin, "vivent ensemble" est beaucoup dire : il ont chacun leur appartement mais sont souvent l'un avec l'autre et tout et tout. Rien que très banal. Là où cela commence à devenir intéressant, c'est que Clara est juive et Ismaël musulman. Moins banal déjà.
Mais ils s'entendent bien, n'étant ni l'un ni l'autre très pratiquants ou très à cheval sur les traditions.
Puis, la situation change : Clara tombe enceinte.
Vont alors se poser des tas de questions qui avaient soigneusement été mises de côté, éludées. Vivre ensemble pour de vrai, officialiser la relation auprès des deux familles qui seront peut-être moins ouvertes, moins compréhensives, moins tolérantes. Et comment appellera-t-on ce petit : Samuel ou Rachid ? Deux choses sont par contre certaines : s'il s'agit d'un garçon il sera circoncit et ne mangera pas de sandwich jambon beurre.
Bref, l'avenir s'annonce incertain, mais Clara et Ismaël sont confiants. Du moins en apparence.
Le dîner chez les parents de Clara va leur faire comprendre que les choses ne seront peut-être pas aussi simples. Maman n'apprécie pas du tout le tour que sa fille lui a joué. Ismaël se sent insulté mais prend sur lui : l'amour est le plus fort. Mais mine de rien, le poison pénètre insidieusement dans ses veines. Il n'a rien contre les juifs, mais il ne faudrait pas non plus que ceux-ci viennent trop titiller sa susceptibilité. Il ne s'est jamais reconnu comme musulman fanatique, mais maintenant que sa famille - à travers sa communauté - est attaquée pour pour ce qu'elle représente, il prend la mouche aisément.
Et il a peur : peur que la transformation de la mère de Clara ne prélude à celle de la sienne. Ignorer l'intolérance de sa belle-mère est une chose mais il est plus difficile de prendre le même recul lorsqu'il s'agit des siens.
Bref, les emmerdes commencent. Les engueulades aussi.
On bascule doucement dans une relation à couteaux tirés. La religion, au lieu de rassembler, divise et oppose. Certes, ce n'est pas une grande découverte, les exemples abondent. Il suffit de regarder la situation au Moyen-Orient ou en Irlande pour se convaincre que l'amour de Dieu peut conduire à quelques difficultés ici-bas. Alors, faut-il bannir la religion ? Mettre de l'eau dans son vin, être tolérant et simplement accepter la différence ? Ou se séparer ?
Le réalisateur a effectivement choisi mais a échoué dans sa démonstration. Ne sachant trop comment s'extirper de son imbroglio conjugal, il opte pour la facilité : abandonner notre couple au fin fond du désespoir pour sauter quatre ou cinq ans et les retrouver au firmament du bonheur. Comment relie-t-il les deux ? On en saura rien.
Une fin bâclée des plus décevante.