On ne peut pas vraiment dire qu’avec Mauvaises Herbes Kheiron ai eu de mauvaises intentions. Le problème c’est que ses bonnes intentions et ses idées intéressantes, sur le papier, sont systématiquement amoindries, pour ne pas dire détruites, à cause d’un manque flagrant de maitrise cinématographique. Ce qui a pour répercussion immédiate : une distanciation émotionnel et même intellectuelle. Et donc, au final, un je-m’en-foutisme vis-à-vis du produit final.
Bon soyons clair. Le coup du petit loubard obligé d’apprendre des leçons de vie à des jeunes défavorisés et qui va y trouver là une occasion d’expier ses péchés n’est pas nouveau. Mais soyons aussi lucide deux minutes. Au bout de plus de 120 ans de cinéma (et plus pour les autres arts) difficile de trouver des histoires originales. Dès lors, ce qui compte le plus, c’est de savoir par quel point de vue on les aborde, de savoir maitriser le langage cinématographique (mise ne scène, scenario, casting,…) pour y apporter du sang neuf. Voir mixer les genres et les influences pour que les spectateurs est l’impression de les découvrir pour la première fois. Mais surtout, il faut croire en son sujet, l’aborder frontalement et être sincère pour que l’émotion prévu puisse être ressentit. Et à y regarder de plus près, Mauvaises herbes réunis pas mal de ses conditions. Ce qui laisse à penser que Kheiron avait l’intention de réaliser une œuvre marquante, émotionnel, réflexive et utile. Le hic c’est que, à mes yeux, la sauce ne prend jamais vraiment. Alors pourquoi ?
Tout simplement parce que tous ses éléments ne sont pas ou mal mis en valeur. Et que même pris indépendamment il ne fonctionne pas toujours. Ce perdant dans une multitude d’intrigue (3 histoires d’amours, une histoire de gang ennemi, plusieurs histoires de rédemptions, un long flash-back sur un pays en guerre, une critique du système éducatif en toile de fond et, déboulant de nul part, une intrigue de flic ripoux) le film fini par avoir les défauts de ses ambitions. En gros : soit le film est trop long si on part du principe que certaines de ses sous intrigues ne sont pas spécialement utile. Soit le film est trop court, ses même intrigues ne réussissant pas à ce clôturer, ni même, à se développer correctement (l’histoire d’amour entre Kheiron et sa prétendante évacué en 3 scènes). Avec 30 minutes supplémentaires Kheiron aurais sans doute pu mieux gérer sa structure narrative tous en développent plus intelligemment ses personnages.
Des personnages, surtout ceux des ados, sous exploités alors qu’ils sont censés être au cœur du récit. Sans spolier disons qu’entre les stéréotypes vu 1000 fois et deux personnages tellement gentil et intelligent qu’on se demande ce qu’ils font dans ce groupe de « cas-sociaux » difficile de s’identifier à eux et ainsi, d’avoir une réflexion profonde sur leurs problèmes respectifs. Sans compter que la résolution de ceux-ci (quand ils sont résolus) ne le sont pas grâce à une remise en cause profonde (et forcement douloureuse) ou à une quel qu’on que métamorphose progressive des protagonistes. Mais grâce à des éléments externes d’une facilité scénaristique déconcertante. Ce voulant être une fable sociale oscillant entre drame et comédie, le film est en outre desservit par certaines séquences totalement incohérente et/ou d’un ridicule affligeant (la scène de danse et celle que j’appellerais de la petite maison dans la prairie).
Tout ceci étant dis, ne balayons pas de Mauvaise herbes d’un revers de la main. Les comédiens sont tous excellents, pas mal de vannes fonctionnent (la première rencontre entre Kheiron et les jeunes), l’émotion est par instant présente (certain flash-back prennent à la gorge). Des qualités indéniables qui font du film une œuvre sympathique. Le problème, c’est que ce n’est que sympathique. Et sur un sujet comme celui-ci, avec les ambitions thématiques et sociales qui vont de pair, sympathique n’est pas le terme qui aurait du être le plus approprié. Dommage.