Métamorphose narcissique
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Une actrice célèbre va interpréter dans son nouveau film un personnage réel. Celui d'une femme tombée amoureuse d'un adolescent de 23 ans de moins qu'elle. Celle-ci a eu deux jumelles de leur union interdite et a fait plusieurs années de prison. Aujourd'hui, elle vit toujours avec cet homme, et ses enfants, dont un enfant plus grand d'un premier mariage, dans une belle maison où l'actrice vient passer plusieurs semaines afin de connaitre la famille et s'imprégner du rôle bien réel qu'elle s'apprête à jouer. Cette confrontation va bien évidemment réveiller des choses enfouies depuis longtemps. Haynes est un cinéaste que j'adore, qui a réalisé plusieurs chefs-d'oeuvre (Carole, Loin du Paradis, Mildred Pierce), ce qui est rare pour un cinéaste, et chacun de ses films est un événement en soi. Malheureusement je suis assez déçu par ce nouvel opus, dont il n'est pas auteur du scénario, ça joue peut-être. Le film n'a rien de honteux non plus, mais on est loin de Persona, quoi, disons que l'ensemble est joli, c'est bien fait comme on dit, mais l'on s'y ennuie un peu, et j'ai l'impression que Todd Haynes aussi. Les deux seuls trucs que j'ai trouvé remarquables sont dans un premier temps les deux actrices principales, et surtout Natalie Portman, qui est extraordinaire, et ensuite l'utilisation de la musique. On sait que Haynes a toujours aimé expérimenté, et là il le fait d'une manière audacieuse et très originale : pour illustrer musicalement son film, il a décidé de réemployer intégralement une bande son préexistante, en l'occurence la magnifique musique du Messager (très bon film au passage) de Joseph Losey, composée par Michel Legrand. Musique sublime et archi-connue, mais qui est là employée dans un autre contexte. Autant je n'aime pas quand on utilise un morceau d'une ancienne BO dans une nouvelle (syndrome Tarantino, truc de grosse feignasse), autant là je trouve qu'il y a un caractère expérimental à reprendre l'intégralité de la BO sur l'intégralité de son film. Cela crée une dimension hypertextuelle, théorique, littéralement passionnante. Dommage que le reste ne suive pas.
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le 12 janv. 2024
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