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Timo Tjahjanto, vous connaissez ? Mais si, je suis sûr que vous connaissez. Vous avez peut-être déjà croisé son nom puisqu’il est le réalisateur du très bon et sauvage The Night Comes For Us, des bons Headshot, Macabre et Killers (coréalisés avec son comparse Kimo Stamboel), ou encore du segment Safe Haven de l’anthologie V/H/S/ 2. En 2018, il revient à ses premiers amours, le cinéma horrifique, et réalise May the Devil Take You qui, contrairement à ce que laisserait penser le gros N rouge en début de film, n’est pas une production Netflix, ces derniers se contentant de distribuer le film. Le résultat, bien que jamais original, se montre des plus efficaces.


May The Devil Take You va nous raconter de manière simple l’histoire d’une famille qui va se retrouver prisonnière d’une cabane dans les bois, habitée par une force démoniaque qui n’est pas là par hasard. En effet, lorsqu’il était jeune, le père de famille a passé un pacte avec le diable afin de devenir riche. Au bout de quelques années, une fois la richesse obtenue ainsi que la gloire qui a suivi, il fallait bien que le démon vienne récupérer ses dettes. Le père va tomber gravement malade, atteint d’une maladie inconnue par les services de soin. La famille se réunit à l’hôpital et décide de retourner à la villa de jeunesse afin de trouver des papiers pour vendre cette dernière. Mais cette villa à l’abandon depuis des années renferme bien des secrets. Des secrets obscurs qui se sont réveillés et qui ont décidé que cette famille ferait office de monnaie d’échange dans le pacte avec le démon. Timo Tjahjanto semble être à la fois amoureux du folklore horrifique de son pays et de celui du cinéma américain. On sent clairement les influences de films de cabanes dans les bois, plus particulièrement Evil Dead de Sam Raimi (mais aussi Jusqu’en Enfer de ce même Sam Raimi). On sent que le réalisateur rend hommage à ces films qu’il semble apprécier. Le résultat est un mélange assumé des cultures indonésiennes et américaines et lui permet de toucher facilement un public de néophytes en matière de cinéma d’horreur d’Asie du Sud Est. Il suffit de regarder ci et là sur la toile internationale pour s’apercevoir que le film a aisément réussi à trouver son public à l’international, et c’est en toute logique qu’une suite a vu le jour en 2020, May The Devil Take You Too, et qu’un troisième opus est annoncé pour 2022/2023.


Le réalisateur Timo Tjahjanto va s’attarder sur le mal qui règne dans cette maison, au détriment du suspense, ce qui n’est clairement pas un défaut tant cette aura malsaine est réussie. Les décors sont bien lugubres, cette maison a vraiment été bien choisie, et l’ambiance qui y règne est cauchemardesque. Le film ne cherche pas à faire peur de manière putassière. Point de jumpscare ici, mais une ambiance pesante, accentuée par une bande son travaillée, avec des musiques qui ne sont jamais laissées au hasard et qui participent grandement, violons grinçants à l’appui, à la mise en place de l’atmosphère particulière du film. May the Devil Take You nous montre ses créatures de manière frontale, là où certains seraient partis sur de la suggestion, ou juste des mouvements en arrière-plan. Les maquillages à l’ancienne pourront paraitre ridicules pour certains, mais c’est un parti pris et dans les standards du cinéma horrifique de l’Indonésie. Certains effets sont bien craspecs, bien qu’au final, le film se retienne un peu sur le gore. Quand il y va, il y va (la bouche « écartelée », les vomis noirâtres), mais il ne verse jamais dans la surenchère. La mise en scène est extrêmement soignée, avec d’excellents cadrages et de superbes jeux d’ombre et lumière et le casting, Chelsea Islan et Pevita Pearce en tête, s’impliquent vraiment dans chacune des scènes. Le seul réel problème du film, outre son originalité somme toute discutable, c’est qu’il est trop long pour ce qu’il propose. J’entends par là que, même s’il est suffisamment rythmé pour ne jamais ennuyer, il étire certaines scènes parfois trop en longueur et aurait été sans doute plus percutant avec bien 15 minutes de moins au compteur.


May the Devil Take You est une très bonne introduction au cinéma horrifique indonésien. Privilégiant l’ambiance aux jumpscares, il se montre vraiment efficace à défaut d’être très original. Le résultat est dans tous les cas très divertissant et vivement conseillé aux amateurs.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
7
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Créée

le 14 sept. 2021

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cherycok

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