Plane confirme l’attachement de son réalisateur, Jean-François Richet, pour des criminels à la caractérisation complexe, tiraillés entre un souci de se racheter moralement et une fuite en avant immorale – le rachat s’entend alors comme la conservation du sac contenant l’argent – inhérente à leur statut dans la société. C’est ici Louis Gaspare, escorté par avion pour homicide, qui apparaît de prime abord comme une figure dangereuse : son mutisme, son regard tenu synonyme de défi, son passé mystérieux alimentent une image faussée, aussitôt mise en place aussitôt pulvérisée par les circonstances. Face à lui se construit un personnage de commandant défini dès l’ouverture comme un père endeuillé, soucieux de retrouver une fille qui le suit partout par photo interposée ; cette association fera de lui un père de substitution pour son équipage, qu’il comptera comme ses enfants et dont il pleurera les disparus, dans la lignée du Sully filmé par Clint Eastwood.
Richet plonge ce duo dans le chaos philippin : l’île de Jolo constitue un espace tenu par des séparatistes habitués aux enlèvements contre rançons et aux exécutions d’étrangers ; elle contraint pilote et passager menotté à une entraide, faisant émerger un antécédent violent pour le premier, offrant au second l’occasion de revenir sur ses erreurs de jeunesse. Dit autrement, l’enfer de la jungle sert de catharsis où les individus deviennent des héros par une mise à l’épreuve, similaire au flic alcoolique de Non-Stop (Jaume Collet-Serra, 2014), que le réalisateur filme avec brutalité et efficacité. La grande qualité de Plane réside ainsi dans la concentration de son action, dégraissée de toute partie molle, garantie d’une immersion totale.