Et Ivan Devint Terrible

Ce match restera gravé à vie dans ma mémoire tennistique .

Bien avant cette première victoire (d'une longue série qui allait suivre par la suite - huit fois vainqueur d'un grand chelem -Melbourne-1989,1990 -Roland Garros-1984,1986,1987-Us Open-1985,1986,1987) de grand chelem en 1984 , Ivan Lendl n'avait encore aucun Grand Chelem à son palmarès, malgré déjà quatre finales.

Le Tchécoslovaque (mal aimé du circuit et surtout du public parisien) a déjà concédé quatre défaites dont trois à John McEnroe cette saison : à Bruxelles, à Forest Hills, à Düsseldorf.

"Big Mac" est au sommet de son art.

C'était écrit , ce Roland Garros là , serait du tout cuit pour le numéro 1 mondial . Il remportera ce tournoi cette année-là .

Celui qui résume le mieux de cet avant match c'est son partenaire en double Peter Flemming : " Les douze premiers jours de Roland-Garros sont pluvieux , couverts . Il fait froid. Jusqu'à la finale ... La veille , je me décide à venir . Je débarque pour fêter la victoire . J'arrive à Paris d'une heure ou deux avant le match ... Il fait trente deux degrés !

On est passé de polaire à tropical , en une demi-journée. Un ciel sans nuages , une chaleur terrible ." McEnroe Document. Sports , États-Unis d'Amérique , 2022 https://www.senscritique.com/film/mcenroe/50876077.

John McEnroe domine la première partie du match.

6/3, 6/2, 1-1, 0-30 sur le service de Lendl, son emprise sur le match est alors totale.

Il manque un retour et sur le point suivant, après un long rallye, il commet la faute et se rue vers le banc des photographes .

Il se saisit d'un casque audio , hurle un "Shut Up" à l'encontre d'un commentateur trop bruyant à son gout (il me semble que dans mon souvenir c'était Hervé Duthu qui à l'époque me casser les BALLS avec Jean Paul Loth car à l'époque , les internationaux de France était diffusé sur TF1) .

Nervous breakdown , ou , le premier signe apparent de son extrême nervosité.

Le public prend alors fait et cause pour l'outsider, le mal aimé Lendl (qui deviendra mon idole dans le tennis grâce à ce match là).

Mais à 2-2, McEnroe remet la pression et claque une volée de revers qui lui offre trois balles de break de suite, 0-40.

Deux fautes puis un passing de coup droit de Lendl qui le renvoie dans les cordes l'empêchent de conclure.

Dès lors, le match change d'âme.

Les retours et les passings du Tchécoslovaque se font plus tranchants.

Pour le plus grand plaisir du public, Lendl arrache le break au dixième jeu et le troisième set ( je m'y revoie déjà , comme si c'était hier).

Dans la quatrième manche , McEnroe mène d'un break d'avance (2-1) , immédiatement abandonné par une double faute.

Dans le Douzième jeu, lâché par sa première balle, le New-Yorkais est cueilli par un lob gagnant d'"IVAAN" (7/5).

Dans la 5e et dernière manche, le public retournera un peu sa veste en choisissant plutôt l'Américain comme son favori (pas grave Ivan , tu vas quand même le niquer le ricain).

À 3-3, 15-40 service Lendl, dernière chance pour le # 1 mondial de reprendre les commandes.

Sur sa seconde balle de break, il tombe à genoux de déception quand son passing de coup droit est stoppé par le filet.

Il a laissé filer tellement d'occasions.

On le sent au bord de la crise de nerfs.

Et c'est lui qui finit par craquer, à 6-5, sous la pression des retours surpuissants de Lendl. McEnroe sauve une première balle de match mais expédie une volée de coup droit presque enfantine pour lui dans le couloir sur la deuxième.

Et là , c'est moi , devant mon poste de télévision , qui exulte , avec mon frère cadet .

Mac est sonné comme un boxeur.

Un match d'une durée de 4h08 d'une lutte renversante .

Pour l'un comme pour l'autre, plus rien ne sera comme avant.

"Cette victoire de 1984 a bouleversé toute ma carrière. J’ai appris à gagner."

Le meilleur est dans le pire . Le meilleur , car c'est l'année ou McEnroe a progressé en passant un cap , le pire dans sa carrière sportif après cette défaite , pour en revenir au meilleur pour Ivan Lendl , car il mettait un terme à son rôle d'éternel perdant .

Pas une année, de 1981 à 1991, où Lendl n'ai pas disputé une finale de Grand Chelem.