Femme à domestiquer

Bof. Concept pas du tout assumé en fait, on comprend vite que l'auteure n'ira pas au bout de son idée de base...

L'intrigue part d'une bonne idée, une serial killer à la Patrick Bateman ; l'idée d'en faire une femme n'a pas tellement d'intérêt en soi puisque le personnage a déjà une attitude très 'femme' dans le sens où il prend soin de son corps comme tel (n'y voyez pas une réduction de la femme à cela, je parle ici en terme de cliché) mais bon, y a un côté plus contemporain alors pourquoi pas ? Sauf que l'auteure se plante rapidement, en décrivant un personnage intelligent en théorie mais qui se révèle assez normale dans les faits, voire même un peu idiote dans des moments qui arrangent bien la scénariste pour le développement de son histoire. Les conflits sont rares, les résolutions souvent faciles ; parfois l'auteure construit des choses pour finalement ne pas faire grand chose de ces éléments. Les dialogues manquent un peu de piquant, du coup l'alchimie entre ces deux brigands ne séduit pas autant qu'on l'aurait voulu. Quant au côté violent et gore, c'est assez timide au final, malgré une scène de repas sympa mais qui ne va pas assez loin.

Notons aussi que s'il y a eu les films post #MeToo (mettant en valeur les femmes dans notre patriarcat adoré) on peut parler ici de film post-post #MeToo avec en guise de conclusion un 'juste retour à l'équilibre patriarcal', à savoir que le personnage féminin incarne finalement une femme indépendante, autonome, qui s'est construite seule et qui se défend du patriarcat, certes de manière violente et illégale, mais clairement une représentation de la femme alpha. Et puis en fait, à la fin, on retrouve une femme qui aura mis de côté sa manière de vivre, ses objectifs de vie pour plaire à son mec ; notez bien l'ironie : lui aussi abandonne sa vie de voyou-arnaqueur-séducteur, pour fonder une famille (ça il a toujours voulu le faire) dans une maison déjà payée, auprès d'une femme méga riche qui lui laissera le temps (et l'argent) de reprendre des études. Même au niveau alimentaire, elle fera l'impasse sur son régime strict. Mais bon, tout ce paragraphe concerne le message du film et n'entre pas en ligne de compte dans mes notation et appréciation de ce film, je voulais juste en parler puisqu'un film parle de son époque et que c'est bien d'en analyser un peu le contenu.

La mise en scène est globalement correcte ; pas assez maniériste et délirante, mais il y a des idées visuelles sympas, avec des compo bien rangées, un découpage pertinent, un côté sexy assumé et un montage rythmé. Bon, certaines séquences fonctionnent moins bien, comme les bruits sonores quand elle fait son entraînement, cette séquence dénote avec le reste, le côté foufou n'est pas celui attendu. L'actrice principale (qui la réalisatrice et scénariste) joue plutôt bien et prend beaucoup de plaisir à incarner cette pin up, n'hésite pas à montrer ses formes (habillée) et à remuer le popotin. L'acteur en face d'elle assure le spectacle aussi, mais avec moins d'énergie malgré tout. Les décors et accessoires sont bien filmés. La BO passe assez bien, certains titres sont même carrément très cool.

Bref, le scénario déçoit, l'auteure trahit son idée de départ et aborde ses thèmes un peu trop timidement ; sa mise en scène dynamique relève clairement le niveau, mais pas assez.