Film fondateur de Martin Scorsese inspiré de sa jeunesse dans Little Italy, on y devine sans difficultés les prémices du cinéma de ce dernier. Tourné avec un budget modeste en seulement vingt-sept jours, il est très bien accueilli par la critique et permet à Scorsese une renommée internationale qui est confirmée trois ans après avec Taxi Driver. L’atmosphère de ce film est à l’image de la ville où coexiste mafia, folie et communauté et des personnage vivants et rythmés par le sang, les trahisons, l’amitié et leur loyauté.
Le récit n’a pas de trajectoire nette. Ici, les destins se croisent et se recroisent dans une plongée quasi-documentaire de l’époque avec une violence à peine censurée ce qui permet un réalisme mordant. Mean Streets dépeint le quotidien avant tout, c’est davantage un portrait des personnages qu’un film à rebondissements. Tout au long du film on suit l’histoire de quatre amis qui font leur début dans la mafia et surtout celles de la montée de Charlie et la descente aux enfers de Johnny Boy.
Charlie, interprété par un Harvey Keithel exceptionnel, fervent catholique cherche le pardon de ses méfaits à l’Église et essaie d’aider au mieux son ami Johnny Boy dont il fréquente en secret la cousine. Mais ce dernier a tendance à se mettre dans des situations à problèmes. Voyou turbulent criblé de dettes notamment auprès d’un grand parrain de la mafia, l’oncle de Charlie, ce qui met ce dernier dans une situation délicate car il s’est engagé à rendre compte des actions de son ami.
Malgré son caractère problématique, Johnny Boy incarné par un Robert De Niro jeune et charismatique, n’en est pas moins sympathique car très juvénile : il ne pense qu’aux filles, picoler et se bagarrer et n’a dans le fond rien d’un grand gangster.
La volonté de Charlie de sauver la mise à son ami tête-brulée crée une complicité quasi-fraternelle entre eux, et c’est sur cette dernière que s’attarde Scorcese plus que sur leurs affaires crapuleuses. Johnny Boy est le double tragique, violent, intsable du personnage typiquement scorsesien de Charlie qui est marqué par le doute et la quête de rédemption.
Robert De Niro et Martin Scorcese dans cette première collaboration laisse présager un duo d’enfer.
Du côté visuel, c’est une claque, le film a certes vieilli, mais l’utilisation des couleurs et des lumières n’en est pas moins géniale avec une prédominance du rouge et noir évidemment et ses cadrages si spécifiques à ce réalisateur. On ressent dès le début, la patte de Scorsese qui va les suivre durant des décennies dans Les Affranchis, Casino, Taxi Driver et bien d’autres encore.
En ce qui concerne la bande-son, on plonge dès les premiers instants du film dans l’univers des seventies avec Jumping Jack Flash des Rolling Stones qui battent leur plein et que l’on retrouve par touches au long du film mêlés à des chansons italiennes classiques caractéristiques du cinéma scorcesien.

cleoltz
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le 22 févr. 2022

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