Meantime dépeint avec une tristesse déprimante un environnement morbide et désespéré ou les gens trompent l'ennui avec du vide.
Les gens de ce quartier plein de barres d'immeubles déclinées à l'infini ont tous l'air abîmés. Le cocon familial est sans amour, rythmé par les querelles gratuites des parents et les reproches faits à leur gosses avec lesquels ils entretiennent des rapports visiblement compliqués.
Tout le film respire le renfermé d'une population désœuvrée, on est en plein dans l'ère Thatcher et le chômage bat son plein. les gens errent dans la banlieue sans que le film verse dans le tire larmes, tout est filmé avec un intimisme et une authenticité déconcertante...
Tim Roth, dans le rôle de l'enfant attardé, semble tout le temps perdu, inquiet, en quête de repères, il crée l'empathie et est d'une morosité à briser les cœurs. Son frère, grande gueule, est tantôt insupportable tantôt rassurant. De manière générale, les personnages qui habitent les lieux sont hauts en couleurs mais sonnent toujours vrais.
Si au début on peut avoir du mal à entrer dans ce film pour son austérité, c'est bien le voyeurisme de sa vision qui finit par nous happer. on se retrouve vraiment dans le salon de tous ces gens abrutis par l'inactivité intellectuelle à assister à la morosité de leur quotidien.
Hors de la cité il y a cette tante, qui s'est extirpé du milieu hostile pour s'élever dans la société. Une vie confortable mais qui ne l'empêche pas, elle aussi, de vouloir occuper le vide de son existence.
Tout sent le cafard. On nous donne à voir un océan d'aigreur et de désespoir ponctué d'îlots optimistes conférant au film une certaine poésie. Le réalisateur a apparemment voulu capter un sentiment général de l'Angleterre du début des années 80, je ne sais pas s'il lui est fidèle mais il arrive à proposer une expérience particulière.