Pernod. The "D" is Silent.
Medicine Man est un grand mystère pour moi. En revoyant ce film hier soir, je me suis rendu compte que je n'avais aucun souvenir de l'histoire, et que tout ce que j'en pensais était un mélange de L'Africain de De Broca et Mosquito Coast de Peter Weir. Soit, me voilà donc face à un film avec Sean Connery, que je n'ai "pas vu", et rien que ça, éveille en moi une curiosité suffisante à m'intéresser à cette oeuvre.
McTiernan, réalisateur ô combien acclamé pour son cinéma d'Action, nous plonge dans les aventures et recherches de Sean Connery en pleine jungle. Pas de Predator, pas de bêtes sauvages, juste des arbres, des indiens et un ordinateur à l'écran rouge (Qui est assez con pour avoir un ordinateur à l'écran rouge, même en 1992?!?). Le film n'est pas chiant en soit, il est juste diablement inintéressant.
On peine grandement à prendre part au combat de cet homme, et de cette femme aussi d'ailleurs, tant le scénario n'est pas très bien fichu. Il y a ce côté noble dans la recherche contre le cancer, menacée par la maléfique déforestation qui arrive près de leur camp de recherches. Il y a aussi ce côté Occidental éclairé parmi les "Sauvages", qui donne un petit côté retro/raciste style "l'Oreille Cassée", qui n'est pas tellement gênant en soit tant il est anecdotique. Mais surtout, les personnages ne sont pas bien malins. La réponse à toutes leurs questions est (comme d'habitude) sous leur nez, et ils n'y voient rien, même si on continue à nous montrer la réponse, à nous l'expliquer (La réplique du Medicine Man après le combat est très claire). Et les réponses que nous cherchons vraiment, concernant le passé de Sean Connery, et bien, on ne les a pas tellement, ou de manière si anecdotique, qu'on en fait fi sitôt apprises. Et puis on termine le film, plus intéressé par le fait que la potiche (elle est mignonne sans ses lunettes) va terminer avec le vieux barbu alcoolique, que par le fait qu'ils vont continuer à se battre pour une cause perdue.
Le film n'est pas desservi par les acteurs, ou du moins à 50/50. D'un côté, nous avons Sean Connery, un peu cabotin, mais toujours juste, car ce mec s'approprie tellement les rôles dans le bon ton, qu'on y croit toujours (Un commandant de sous-marin russe à l'accent écossais, c'est ridicule, mais avec lui, ça marche!). Mais de l'autre, on a Lorraine Bracco. Avec tout le respect que je dois à cette jolie dame, avouons qu'elle n'est pas une grande actrice. Alors quand on la met chez Scorsese, ça passe, mais un réalisateur comme McTiernan, ses plus grandes directions d'acteurs, il a faites avec des mecs talentueux de base (Willis, Rickman, Irons...), il fait pas de miracles de ce côté là. Donc, elle joue très mal, et ça nuit au film, même si on l'aime bien son personnage, au final…
Toutefois John McTiernan montre qu'il maîtrise l'art de la mise en image, le film possède de grandes qualités. Un découpage clair et très beau, avec beaucoup de Steadycam, des plans panoramiques assez jolis, la lumière de Donald McAlpine est elle aussi très jolie…et tout ça desservi par la bande originale de Jerry Goldsmith (dont l'expression capillaire a inspiré celle du personnage de Connery) splendide en tout point. Medicine Man, avec son côté Mosquito Coast (même si le propos est bien différent) possède tout pour plaire et offrir un beau film d'aventure. Et l'aventure manque énormément au film, on ne demande pas d'en faire un Indiana Jones, mais un peu plus de tensions, de péripéties, s'il vous plaît.
Ils ont manqué le coche, n'en demeure pas moins un film plaisant mais bien plus anecdotique que son propos. Ce qui est triste, c'est que cette ode écologiste perd tout son sens par une fin pleine d'espoir mais devant faire face à une fatalité certaine, leur lutte finit par être une cause perdue. C'est bien les causes perdues…mais dans Medicine Man, on n'en a pas grand chose à foutre.