Si le cinéma brésilien n'est pas encore conquis dans mon aventure cinéphilique, le peu que j'en ai vu (La Cité de Dieu, les deux Tropa de Elite et Bacurau) m'a impressionné, proposant des alternatives fraîches dans un paysage somme toute assez formaté. Et si les inspirations Argento (les couleurs, la sorcellerie) et Carpenter (la musique) sont bien présentes dans Medusa, il possède sa propre identité, sa propre façon de délivrer son message résolument féministe. Dans un pays sous perfusion sociale depuis la prise de pouvoir de Bolsonaro, la réalisatrice Anita Rocha da Silveira livre une oeuvre qui résonne comme le cri de ses héroïnes, impuissante face à un intégrisme religio-moral, à un patriarcat les reléguant au rang de génitrices se devant d'être belles et se taire. Par le jeu des couleurs, la bande-son cathartique et son rythme découpé entre phases parodiques d'une société en perdition (les tutos pour faire des selfies à la gloire de Dieu) et ses moments plus fantastiques, éthérée, Medusa aura fait partir la moitié de la salle. Car il y a bien un étirement du temps sur le milieu du métrage qui a failli me laisser sur le carreau, avant un dernier tiers revitalisant et faisant du film une petite pépite à contre-courant des programmations habituelles.