Une daube sexiste et bourgeoise qui porte bien son nom

Ce film est tout simplement une catastrophe à tous les niveaux. Il s'agit d'une longue et fastidieuse daube sexiste, moche, sans enjeu et qui se termine sur un message politique au mieux débile, au pire réac.

Pendant la première heure, il n'y a tout simplement aucun enjeu. On ne comprend pas ce qui anime les personnages (je ne le sais toujours pas), les différents fils narratifs semblent se connecter de manière artificielle. On suit un personnage de César parfaitement antipathique, débauché, soupçonné de meurtre, au projet politique flou. Il a un projet de ville visionnaire, mais on ne sait pas ce qu'elle a de spécial, à part qu'elle est faite en un matériau révolutionnaire dont on ne connaîtra jamais les propriétés.
Dans la deuxième moitié, on arrive un peu mieux à suivre ce qui se passe, mais c'est pas pour autant qu'on en a quelque chose à foutre. César est soudainement un protagoniste filmé avec compassion, un bon mari/père/politicien sans qu'on nous ait donné de raisons de l'aimer ou de le croire. Et quant à la fin.... J'y reviendrai plus tard.

Je suppose que Coppola a voulu mélanger les esthétiques, s'autoriser toutes les folies dans un tableau généreux. Dommage Francis, c'est raté ! Tout fait faux, on ressent les fonds verts, la 3D sérieux on est en 2010 ?? Les scènes s'enchainent sans jamais se lier organiquement et sans jamais nous donner une impression de réel. Certains effets sont vraiment juste moches et ringards. Les costumes, ça va... Je suppose...
Le montage est soit purement fonctionnel, soit raté. Certaines scènes comme la filature en voiture sont découpées de manière complètement hasardeuses, nuisant a la compréhension, et les ellipses donnent l'impression que le film a été coupé à outrance.

Les dialogues sont poussifs, incompréhensibles, les répliques s'enchainent mal et les personnages semblent juste s'écouter eux mêmes. Dans une scène, Wow et Claude élaborent un plan. Puis dans le plan suivant, le plan est compris et donc déjoué par sa victime. Et dans le plan encore après, en fait le plan a réussi ??? Sérieux on comprend rieeeeennnnnnnn c'est infâme, c'est alambiqué a crever alors que tout est si superficiel !!
Les performances sont assez inégales (celle de Nathalie Emmanuel est carrément médiocre, ce qui combiné à ses dialogues nazes et son personnage superficiel nous donne vraiment une female lead à chier).

Venons en au sexisme, un des immeeeennses défauts du film à mes yeux. C'est tout simplement un scandale. Les personnages féminins sont des fonctions archetypales, sans histoire et sans enjeux :

- Wow la catin vénale (elle est vénale parce que... Elle est vénale tg), femme fatale, utilisant le sexe comme arme (elle est méchante t'as capté)

- Julia la belle madone, présentée comme lesbienne au début du film mais tombe dans les bras de César de manière complètement gratuite, même si son père la prévient maintes et maintes fois (a juste titre) qu'il est dangereux. Elle joue la p'tite secrétaire, elle fait une attelle a un chien vite fait à un moment pour dire que si si elle fait des trucs dans le grand projet de César (lui il construit une ville entière on le rappelle), des fois elle dit des trucs intelligents mais attention, seulement quand elle cite Marc Aurèle (un homme donc). Et elle est bien félicitée de connaître son Marc Aurèle, grande fifille. Elle lui pond même un gosse, dont il a toujours rêvé, accomplissant ainsi sa destinée de femme de valeur, fertile, gentille, douce, belle, mince, jeune, intelligente mais qui ferme sa gueule et qui reste bien sagement dans l'ombre de son impérial mari.

- la maman de César, euh elle est folle. Le pauvre il a grandi sans repère maternel.

- la maman de Julia, euh elle est gentille.

- les soeurs de Claude, des catins incestueuses débauchées sexy probablement sorties de l'historique pornhub du réal. (C'est littéralement des figurantes mais je suis exhaustive)

- Vesta, elle fait crari c'est une vierge de 16 ans, mais en fait c'est pas vrai, elle ment sur son âge, pis c'est une bécasse, une starlette sans cerveau (et sans importance aussi. D'ailleurs son personnage pourrait ne pas exister, ça changerait rien)

Et voilà, on a fait le tour de cette belle galerie. Tous ces personnages sont plus ou moins sexistes en soi, mais on atteint des sommets lors de leurs interactions. On peut citer la rivalité autour de César entre Julia et Wow (ptn ce prénom, sérieux), les scènes où leurs corps sont gratuitement montrés ou érotisés. Mais on va surtout citer la scène où des images de César et Vesta couchant ensemble sont diffusées (alors qu'elle est censée être mineure) et que le premier réflexe de cette dinde de Julia est d'aller chercher des preuves que Vesta ment sur son âge, afin de la discréditer aux yeux du public et de faire oublier le rôle de son patron - alors que les images ont été truquées et l'excuse est donc toute trouvée. Cerise sur le gâteau, celle ci ment effectivement, amenant un petit parfum misogyne dans la salle (ah, les femmes et leurs mensonges qui détruisent la réputation des hommes ! De la part d'un vieux papi d'Hollywood ça laisse songeuse)

N'oublions pas Sunny Hope, 1ere femme de César, qui n'est pas tant un personnage qu'un pavé sur le chemin de César, morte suicidée partiellement par sa faute mais qui lui a donné l'inspiration divine pour le Megalon. Allez les meufs, mourrez pour que vos maris soient prix Nobel !!!

Venons en au message politique dessiné par la fin du film. Après deux heures d'une prétention incroyable, le peuple pauvre (une foule anonyme à qui la parole n'est JAMAIS donnée) est en colère contre toute la scène politique et se masse devant le chantier de Mégalopolis, la ville futuriste de César. Celui ci apparaît tel Moïse sur le mont, et les baratine de philosophie (eux ils ont faim et froid mais ça les dérange pas d'écouter ce tocard) avant de leur dire qu'il va changer le monde, qu'il élimine la dette (ah il suffisait de le dire ?) et que tout le monde va venir vivre a Mégalopolis, la ville où on a un jardin privatif et des escalators au sol comme a Roissy Charles de Gaulle. Et bam, plan suivant, tout le monde vit la vida loca dans l'herbe, Cicéron accepte de monter sur l'escalator et plan de fin, image d'Epinal, le couple maire et le couple Jules César se kissent après avoir montré le monde à bébé César façon Roi Lion, freeze frame, bravo les hétéros.

Qu'est ce que nous dit ce film ? Que si nous sommes fatigué.es de notre servitude, alors il nous faut choisir un nouveau maître. Un nouveau maître beau, blanc, richissime (César est un bourgeois de haute lignée comme tous les autres personnages) mais un peu plus inventif que le précédent. Un Elon musk en somme mais moins moche et moins fasciste. Ah bah putain, j'espère qu'il va pas se lancer en politique le vieux, parce que sinon on est pas sorti.es de la fange. César a quand même l'audace de dire à la foule qu'il ne faut pas devenir des brutes, tandis que du fond de mon siège, mon seul souhait était que le peuple sorte la guillotine et crée une nouvelle société anarchiste et égalitaire.