Déjà je pose un postulat de départ qui est que je réprouve moralement et artistiquement tout sensationnalisme découlant d'un fait divers, réel ou possible. Ainsi que ce soit un "M le Maudit", un "Zodiac" - qui sont de grands films techniques - ne valent pas mieux dans le fond que "Megan is missing".
Celui-ci n'est pas d'une technicité extraordinaire et repose sur un prétendu réalisme qui épouse l'horreur pour attirer le spectateur vers l'empathie. Megan is missing est une prise d'otage à ce titre.
Pourtant le film n'est pas dépourvu de réflexion, notamment en ce qui concerne les émissions de télévision qui se délectent des faits divers pour faire leurs audiences. Les extraits télévisés sont réellement problématiques et posent un dilemme : Amy aurait-elle été enlevée si les médias n'avaient pas parlé de l'affaire ? Mais Amy aurait-elle témoigné si cette émission n'avait pas pignon sur rue ?
Tout le monde cherche la vérité dans ce genre de fait mais la vérité se fait au détriment de la subjectivité, du voyeurisme...
Que penser du sensationnalisme, du populisme de ces émissions de télévision alors que ce film exécute la même chose ? Que signifie cette folie du found footage qui n'est rien de plus qu'un effet de mode démago ? Que signifie cette mode ? Chercher la vérité est-elle une perversité factuelle ? Mais restons plus près du propos du film : ne cherche-t-il pas le profit économique suscité par les réactions passionnelles ?
S'il s'agit de faire prendre conscience aux gens que "ça" arrive, si le réalisateur Michael Goi avait l'intention de faire un film de prévention et de santé publique, il s'est trompé car...
...Ce film est sans passion. En tous cas, c'est ainsi que je l'ai vu. Je l'ai vu comme une vache regarde passer le train. Le found footage est la banalisation du fait immédiat. Par ce biais, il est un procédé d'abêtissement de masse s'il est utilisé à tort.
Je reste avec mes questions sous le bras parce que, pour moi, c'est un peu X-files ce film : "la vérité est ailleurs".