Renversant !
ATTENTION ! Cette critique présente des éléments qui peuvent désarçonner le lecteur. Merci de votre compréhension. Mais quoi qu'il arrive, le monde continue d'exister. Et c'est terrifiant. L'homme...
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le 25 oct. 2013
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Voilà, c'en est fait : j'achève enfin Memento après avoir longtemps retardé son visionnage.
Que j'aime ce dénouement ! qui se pressent un peu, eh oui, la mémoire nous collant aux basquettes (à notre grand bonheur ou profond déplaisir) on apprend à ne rien croire puisque Nolan nous force à douter de tout. Une fin qui m'a fait penser au Basic Instinct de Verhoeven, qui convient bien au thriller puisque le spectateur se mue à son tour en enquêteur alors qu'il croyait en avoir fini à la vue du générique. Il analyse, décortique, structure pour tenter de reconstituer le puzzle, voir ce que personne n'a vu, enfin arriver à pouvoir dire : "Voilà ce qui s'est passé".
Mais cette quête est vaine, le puzzle est incomplet, les pièces sont méticuleusement sélectionnées puis agencées pour nous faire miroiter une apparence de continuité, de logique, de sens. Comme les polaroids qu'utilise le personnage, ils ne sont qu'un moment, qu'un fragment de temps d'un grand ensemble, d'un contexte. Et comment former des certitudes alors que l'on ignore où s'emboite la pièce que l'on tient entre les mains ?
Parce que c'est cela ce que l'on ressent le long du film, l'amnésie du personnage le pousse à agir alors que son aveuglement est double : s'il oublie son passé, il s'aveugle à nouveau en le reconstituant. Et c'est sûrement là que le film présente son plus grand intérêt : la part du volontaire et de l'intentionnel dans la cécité de Lenny.
Finalement, comme chaque humain notre protagoniste est en quête de sens et la recherche du meurtrier de sa femme est son seul horizon. Alors, il s'enferme dans le dernier souvenir de son autre vie, mais non pour mieux s'en défaire dès qu'il aura assouvi sa soif de vengeance, sa tentative n'aspire pas à laisser cet épisode douloureux dans les limbes de l'oubli. Au contraire, le sujet (puisque c'est presqu'en psychiatre qu'on le sonde (ou en enquêteur d'assurances :)) s'emmure et s'enchaine justement à ce qui le rattache à un but, à un sens. C'est pour continuer à vivre que l'amnésique choisit d'oublier.
J'emprunte les mots de Gainsbourg qui m'offre une belle conclusion :
On se souvient de rien
Et puisqu'on oublie tout
Rien c'est bien mieux
Rien c'est bien mieux que tout
Mieux vaut ne penser à rien
Que de penser à vous
Ça ne me vaut rien
Ça ne me vaut rien du tout
Mais comme si de rien
N'était, je pense à tous
Ces petits riens
Qui me venaient de vous
Créée
le 13 janv. 2024
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