Qui aurait pu penser il y a de cela trois ans, qu'un petit bout de femme comme Alicia Vikander allait en aussi peu de temps devenir une attraction telle dans le septième art mondial qu'elle pourrait à elle seule pousser une horde de cinéphiles se déplacer en masse dans les salles obscures pour y mirer son joli petit minois.


Certainement pas nous, et même si nous étions de ceux à littéralement être tomber sous son charme dans le très beau Royal Affair mais surtout l'excellent Anna Karenine de Joe Wright, dans lequel elle incarnait avec Domnhall Gleeson, une révélation des plus séduisante.


Depuis, la belle suédoise a su joliment tracer sa route au gré des péloches au point même de devenir l'une des comédiennes les plus demandés du moment (voir même l'une des plus indispensables, tout simplement).


D'Alex Garland à Guy Ritchie en passant par Tom Hooper, John Wells et prochainement Paul Greengrass pour le prochain et follement attendu Bourne 5, la voici de retour cette semaine dans nos salles obscures pile-poil une semaine après Agents Très Spéciaux - Code U.N.C.L.E., pour le premier passage derrière la caméra de l’habitué des documentaires James Kent, Mémoires de Jeunesse aka Testament of Youth.


Ou l'adaptation sur grand écran de l'une des œuvres majeures de Vera Brittain, monument de la littérature anglaise qui incarne également l'une figure imposante du féminisme et du pacifisme du vingtième siècle.


Paru en 1933, Testament of Youth (également le titre du film en v.o) contait une vision réaliste et sans concession des ravages de la Première Guerre Mondiale, un regard crue et tragique mais profondément pacifiste.


Fixé entre 1914 et 1918, la version cinéma pose sa caméra sur le quotidien de Vera, alors jeune féministe fière et décidée, muée par la volonté de s'émanciper de sa vie bourgeoise et passer les examens d’admission à Oxford, malgré l’hostilité de ses parents particulièrement conservateurs.


Résolue à devenir écrivain, elle est encouragée et soutenue par son frère et sa bande d’amis – et notamment par le brillant Roland Leighton dont elle s’éprend.


Mais les rêves de Vera se brisent au moment où l’Angleterre entre en guerre et où tous les jeunes hommes s’engagent dans l’armée.


Elle renonce alors à écrire pour devenir infirmière.


Tandis que la jeune femme se rapproche de plus en plus du front, elle assiste avec désespoir à l’effondrement de son monde...


Démarrant à l'instar du Fight Club de David Fincher, par son final, avant de dérouler toute son histoire sous la forme d'un long flashback tragique et mélancolique, Mémoires de Jeunesse s'inspire du livre original tout autant que des journaux intimes de Vera Britain et des correspondances qu'elle a pu entretenir avec les hommes qui ont compté dans sa vie; pour signer le portrait touchant au sein d'une société anglaise en pleine mutation, d'une survivante du quotidien, d'une femme qui fait face à sa détresse et au deuil pour la surmonter avec force et dignité.


Pas forcément habile caméra à la main, Kent arrive pourtant à décrire avec pureté la naïveté de l'amour qui lie Vera et Ronald tout en confrontant cette idylle à la dureté sans concession de son époque (la cruauté des conflits n'est jamais édulcorée), et au déchirement évident qui en résulte.


A tel point que la sincérité de l'entreprise lui permet même de se démarquer un brin des nombreux drames romanesque qui peuplent le cinéma british, s'échinant sans grande originalité à compter les aléas d'une passion adolescente naissante avant que la cruauté de la guerre ne vienne briser tout espoir d'un bonheur futur.


Tendre et rude à la fois, au propos universel encore furieusement d'actualité aujourd'hui, le film qui se suit sans déplaisir souffre pourtant de trop nombreux mots pour réellement emporter son spectateur, que ce soit son imposante longueur (il dépasse largement les cent-vingt minutes), son manque flagrant de lyrisme, son traitement anecdotique des seconds couteaux (Emily Watson, Dominic West et Taron Egerton donnent l'impression de passer pour la forme) voir même son manque de personnalité et de subtilité en comparaison au tout aussi déséquilibré mais plus charmant Suite Française, autre romance sous fond de guerre sortie plus tôt dans l'année.


Reste que James Kent a le bon gout de totalement voué son œuvre à son interprète vedette la lumineuse Alicia Vikander, qui porte avec conviction et talent la péloche sur ses larges épaules.


Impeccable, à la fois fragile, gracieuse et déterminée, elle irradie l'écran de sa justesse et éclipse totalement ses petits camarades de jeu (le sous-utilisé Kit Harington en tête).


Poignant voir même un poil trop larmoyant, prenant mais point vibrant, Mémoires de Jeunesse est une odyssée mélodramatique tragique mais inégale qui ne parvient jamais a pleinement saisir ni s'approprier la puissance de son propos malgré l'époustouflante composition de son actrice vedette.


Les fans de la belle Alicia y trouveront néanmoins un beau et nouvel objet de culte...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/09/critique-memoires-de-jeunesse.html

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le 8 sept. 2015

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