Avec son mélange des genres caractéristique, Bong Joon-ho propose une quête insensée d'une vérité illusoire qui ronge les âmes des protagonistes et met à mal leurs principes, une enquête révélatrice des remords et scrupules qui hantent les forces de l'ordre dès lors qu'un suspect continue de leur glisser entre les doigts, mettant en évidence leur propre incompétence, leurs manquements et leur échelle de valeurs. Quand les certitudes s'envolent et que demeurent la rancoeur, la frustration et l'amer constat d'un échec interdit, les enquêteurs ne sont plus à même de mener leur travail, quand bien même, parfois, la chance ou l'acharnement leur apporterait un semblant de triomphe.
Drôle et tragique, lancinant et violent, sur un tempo atypique et souvent désagréable, Memories of murder commence un peu comme un Miyazaki avec ses longs plans extrêmement soignés sur une campagne idéale, et se termine à la manière d'un Sergio Leone, avec ces choeurs poignants et ce destin cruel.