Un polar rondement mené. Cependant, s’il a en effet des qualités intrinsèques notables, je dois admettre que je n’ai pas été emballé. La faute à une intrigue qui met du temps à s’installer et se mettre en place, avec parfois des éléments inattendus qui tranche avec le ton et l’ambiance global avant de finalement prendre sens dans le contexte général. L’ambiance sera sans doute le point fort du film, étant à la fois oppressante et pesante. Toutefois, après sa mise en place laborieuse, le film finit par avoir son rythme de croisière et ne décevra pas. L’avancé de l’enquête, à travers les différents suspects, parviendra à nous tenir en haleine jusqu’au bout, surtout qu’on pense y être à chaque fois. Le film a sa propre dynamique et sa conclusion en sera la parfaite illustration : douce et amer, sans être frustrante. Ou comment une affaire peut ronger la vie de ses enquêteurs.
Le casting sera dans l’ensemble bon à très bon. Que ce soit pour les policiers, mais également les rôles secondaires. Chacun parvient à s’approprier son personnage, et il y a à la fois une forme de retenue et d’humanité qui transparaît à chaque scène, c’est vraiment poignant. Sur le plan technique, j’ai bien aimé la musique, qui dénote un peu de ce qu’on peut trouver. Les décors sont superbes, et notamment la lecture géographique pendant chaque scène grâce à une mise en scène impressionnante. Joon-ho Bong est sans doute ce qui permet ce film de sortir de la masse, avec sa réalisation millimétrée et parfaitement ajustée, avec de très nombreux plans de toute beauté, ou des scènes alternant intensité et douceur.
Un polar qui mérite le détour, ne serait-ce que pour le mélange entre le traitement de son intrigue et l’ambiance posée tout au long du film.