Hommes en costume et aliens en costume d'homme

"Ce qu'il y a d'intéressant avec ce film, c'est quand on y réfléchit, il y a asse peu de chances pour que nous soyons seuls dans l'univers. Il y a encore moins de chances que nous soyons les plus évolués, il est tout à fait possible que des extra-terrestres soient déjà venus, pourquoi ne seraient-ils pas restés? Je n'arrive pas à croire que personne ne serait au courant. Si ça se trouve, cette agence existe. Que vont penser les MIB et les extra-terrestres en voyant notre film?"
(Barry Sonnenfeld)
Dans la galaxie voisine ou dans les bureaux des hommes en noir il est bien sûr difficile de le savoir pour nous pauvres ignorants perdus dans la masse grouillante de l'Humanité. Mais sur Terre, on adore et on en redemande! L'univers est peut être vaste, mais des films comme celui-là vous font apprécier de vivre dans le même petit coin de cosmos que les types qui nous ont concocté cette hilarante comédie de science-fiction.


C'était il y a vingt ans déjà, et nos Men in Black n'ont pas pris une ride, leur costume pas un seul faux plis. Les effets spéciaux ont bien pris un peu d'âge mais on l'oublie vite tant restent crédibles les tronches d'aliens déjantées crées par Rick Baker, maître incontesté en matière de masques, maquillages et prothèses en tout genre pour le cinéma fantastique. Et des aliens, on en croisera de toutes sortes. En costume d'humain ou non, tentaculaires, baveux, gluants ou zézayants, minuscules ou gigantesques. Un travail titanesque, d'autant plus quand producteur et réalisateur n'arrivent pas à se mettre d'accord. Mais un travail qui en valait la peine puisqu'il lui a permis de remporter son cinquième oscar sur les sept qu'il totalise aujourd'hui, et surtout qui rend le film indémodable et toujours aussi réussit visuellement deux décennies plus tard.
Et si c'est Bo Welch, récompensé pour son excellent travail sur Edward aux mains d'argent, qui s'est chargé des décors s'inspirant de l'esthétique futuriste telle qu'on la concevait dans les années soixante, c'est Sonnenfeld qui une fois le scénario entre ses mains a décidé de déplacer l'action dans un décors moins "zone 51" et plus urbain. A ses yeux, le centre-ville de New-York serait une passerelle d'immigration plus propice pour des aliens en mal de foyer ou friand de tourisme exotique. Et c'est une idée qui réussit plutôt bien à l'ambiance du film. Sa population d'extra-terrestres se fond sans accroc dans celle des humains et quand la faune new-yorkaise passe sur les trottoirs, on est tenté d'y déceler quelques petits hommes verts.
Le monde des Men in Black s'intègre parfaitement au nôtre. Sonnenfeld à l'intelligence de ne pas en avoir fait un "film-exposition" qui se contenterait d'être la jolie vitrine d'un univers. Ainsi, en même temps que le novice agent J, on plonge dans un monde étrange qui ne semble avoir attendu ni lui ni nous pour exister, avec des lois qui lui sont propre et tout un jargon qui se passe d'explication. Il y intègre habilement des éléments de notre quotidien, laissant à penser celui des Men in Black n'est pas qu'une histoire qui puise son inspiration dans le folklore ufologique.


Barry Sonnenfeld signe donc bien sûr un film de science-fiction, avec une lutte intergalactique, des gadgets en pagaille, des armes chromées de tous calibres, une voiture aux occasionnelles allures de Batmobile et bien sur des aliens à foison. Mais surtout, il livre une irrésistible comédie aux dialogues parfaitement calibrés.
On y trouve un Will Smith au meilleur de sa forme doublé d'un Tommy Lee Jones aussi flegmatique que drôle. Le film offre un contraste amusant entre l'impassible et monosyllabique K dans son sobre costume noir et J avec ses frusques aux couleurs solaires et sa volubilité réglée en débit mitraillette. C'est que le petit flic aux pieds agiles détonne au milieu des meilleurs des meilleurs, chef trop prêts à obéir dans un prompt claquement de talons au premier costume-cravate investi d'un peu d'autorité. Et c'est là bien sûr que réside son potentiel pour la discrète agence gouvernementale, et tout le sel pour nous spectateur. Car c'est tout de même notre électron libre à la langue bien pendue qui l'emporte sur les mentions de ses camarades, après l'avoir emporté sur la Petite Tiffany. Et quand il enfile le dernier costume de sa vie, c'est sans pour autant se départir de son sens de l'humour. S'il est moins rompu aux apocalypses hebdomadaires que son monolithique collègue, c'est le sourire aux lèvres et la verve vive qu'il affronte son nouveau et déroutant mode de vie. Il a une pêche d'enfer, et c'est contagieux!


Décidément, même après vingt ans, nos Men in Black ont toujours la classe!

Cocolicot
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le 11 nov. 2017

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Cocolicot

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