Film étonnant et passablement décevant que ce Standoff d'Adam Alleca, jeune réalisateur de 33 ans qui semble vouloir se spécialiser dans les films semi-horrifiques et les huit-clos. A la lecture du Synopsis annonçant la traque d'une jeune fille par une tueur à gage, laquelle trouve refuge auprès d'un vétéran de la guerre, on s'attend à des espaces, une fuite en avant et en fait, c'est tout l'inverse que nous propose ce film dont les lieux de tournage se résume à un cimetière et une vielle bicoque au fin fond de l'Ontario. Scénariste de la Dernière maison sur la gauche en 2009, Alleca avait adapté avec un certain bonheur le classique de Wes Craven. On se demande si pour pouvoir tenir la caméra, il n'a pas du accepter une œuvre de commande.
Le film est taillé pour Laurence Fishburne secondé par Thomas Jane comme le montre si bien la jaquette originelle et non celle d'exportation laissant sous entendre un partage équitable des rôles. Pour être honnête celle ci aurait du faire la part belle à Ella Ballentine, la jeune interprète de l'héroïne par qui vient l'enjeu et qui le clôt. On passera donc sur coté légèrement racoleur et sexiste des studios qui entendent vendre un produit action alors qu'il ne l'est qu'à moitié. Laurence Fishburne est LE personnage clé du film, la star mis en avant jusque sur certains cites dont le douteux Wikipedia, lequel je mentionne même pas le pauvre Adam Alleca. C'est un produit marketé avec tout ce qui accompagne la mise en valeur de la star invitée. Look badass avec le trenchcoat très western, passé trouble, plans mettant en valeur la stature du bonhomme. Or un huit clos réclamant des silences et de la tension, il est difficile d'en générer quand pour justifier le cachet de l'invité on le fait parler toutes les deux minutes.
La scène au cimetière dont je ne révèlerai pas les arcanes montre un tueur à gage froid et implacable, et rappelle quelques classiques du genre. Nous sommes dans le code des films de mafia. On pense également à Assassins avec Stallone et Antonio Banderas. Seulement vu par une jeune fille il la poursuit jusque dans une maison qui semble située à quelques encablures, elle l'a vu, elle doit mourir. Un principe immuable.
Mais là très vite le film s'enlise. Cette maison nous la connaissons, nous la voyons dans la scène d'ouverture du film. Un enfant et ses parents y vivent, le père semble désespéré ou vaguement au bord du suicide. Il est triste. On ne sait pas pourquoi (sa femme est belle et son fils plein de vie), on assiste à cinq minutes d'ennui du mari et nous nous ennuyons avec. Il faudra attendre 10 min pour comprendre ce que cette scène pouvait apporter au film. Une ouverture gratuite et donc stérile. Le reste du film se bloque au moment où le père désabusé, seul dans sa maison, recueille une gamine poursuivie par un molosse armé. Tous deux se réfugient à l'étage, le molosse campe en bas de l'escalier.... et pis c'est tout.
Alors les huit clos un peu horrifiques ou sous tension ça peut être bon, excellent même, les australiens savent y faire. Il y a le huit clos de nuit sur un îlot avec le méchant crocodile vorace qui vous attend (Rogue en 2007), en pleine mer avec le requin qui pour poursuit (The Reef) et une floppée de films d'épouvante vous mettant aux prises avec le redneck local (ou sa famille) depuis Wolf Creek. On sent la volonté de filiation du coté US, lorgnant vers certains western agora-phobiques, mais la mayonnaise ne prend pas malgré le jeu d'acteurs plutôt convaincants. C'est assez mou, ça manque d'imagination et finalement on en revient à regretter les promesses de la scène du cimetière qui augurait d'un rôle à la mesure de la folie douce de Laurence Fishburne. C'est manqué.