Le briseur de glotte.
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Un grand trouble nous saisit, et une expression d'incompréhension marque le visage de la plupart d'entre nous. Nos rangs serrés semblent soudain tétanisés par le doute. Au moment où nous allons progressivement nous engager dans le combat, nous avons perdu presque tous nos repères.
Si je ne devais parler que de ma vie, que je connais bien mieux que celle des coreligionnaires qui vont partager mon funeste destin, rien dans la formation que j'ai reçue, ou dans la philosophie qui la soutenait, ne m'avait préparé à ce qui arrive.
On m'avait enseigné que s'engager dans un combat perdu d'avance ne peut s'envisager que dans certaines circonstances tout à fait particulières. Il fallait que l'honneur d'un clan, la survie des siens ou sa profonde conception du monde soient compromis. Rien de tout ceci ne peut s'appliquer ici, et pourtant, tous ici nous nous apprêtons à mourir.
Sans raison.
Le tourment qui déforme nos expressions ne laisse pas la place au doute: nous savons collectivement que nous vivons nos dernières minutes individuelles.
Le plus inexplicable est que notre adversaire est unique alors que nous sommes légion.
L'ennemi est doté de ce pouvoir magique incroyable de nous faire aller au combat un par un ou deux par deux, en utilisant exactement les mêmes armes que lui, alors que nous pourrions le terrasser en utilisant comme il se doit notre nombre. Ou en employant la terrible efficacité des armes de distance.
Nous n'en faisons cependant rien, nous laissant décimer méthodiquement, acceptant la stupidité de notre conduite comme le feraient des poulets dans un abattoir à qui il suffirait de partir en volant pour éviter le pire.
J'imagine qu'une armée d'une centaine de ces adversaires aux pouvoirs infinis pourraient asservir l'ensemble des nations et des clans de la planète. Mais il parait que ça n'est pas possible. Il fait partie de la tribu invincible des Erodfilms et il est par définition solitaire.
Cela va bientôt être à moi d'intervenir.
J'espère que mon futur bourreau aura le temps d'une fraction d'humanité, une étincelle dans le regard, posées sur mon existence, avant d'y mettre brutalement fin.
Dix secondes avant que mon tour n'arrive, j'étais encore persuadé que ma raison allait reprendre le dessus et me permettre d'échapper à cette boucherie. Mais au moment où mes prédécesseurs partent à l'assaut, me laissant en première ligne pour la vague suivante, un tsunami de colère m'envahit, et une certitude me pousse vers l'inexorable: je vais être celui qui, meilleur que les 72 premiers, va terrasser le champion sanglant, avant que la lame ou le poing qui vont me transpercer le corps ne vienne souligner tout le ridicule de cette fulgurance avec la solennité de la mort expéditive.
Jamais il ne nous avait été enseigné que la noblesse de notre sacrifice résidait dans la mise en lumière pour l'éternité du Erodfilm.
J'aurais pourtant tellement aimé savoir que mon trépas serait vu revu des centaines de fois par les adorateurs de mon bourreau du jour. Je serais sans doute mort heureux.
(la légende des erodfilms, côté héros)
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes A 1 contre 1000 minimum, sinon rien. On est pas des fillettes., Un gros plan sur l'oeil, ça permet d'éviter de se fourrer le doigt dedans, C'est mon dernier mot, Jean-Pierre, Pipi-caca au cinéma, si c'est pas troupier, c'est arts-et-essais et 2021, l'odyssée de l'hospice
Créée
le 25 mars 2021
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