On n'a pas l'habitude de voir le talentueux Alan J. Pakula s'éloigner du thriller (Klute, All the President's Men …), lui qui se lance dans la comédie / drame de mœurs avec Starting Over, l'un de ses films les moins connus, et c'est plutôt dommage.
Il fait très vite passer en second plan un scénario simple voire un peu naïf pour se concentrer sur le trio de personnages qui subliment ce dernier. Surtout que Pakula sait prendre son temps pour bien mener ses enjeux, insérer le doute dans le quotidien des personnages, les instants pathétiques, le bonheur éphémère, les regrets, le passé qui remonte à la surface et ces petites choses de la vie qui empêchent de créer un bonheur sur la durée. Starting Over lui permet de mettre en scène ces tranches de vies avec charme, mélancolie, simplicité et émotion.
Les trois comédiens principaux sont remarquables, que ce soit Burt Reynolds, surprenant en écrivain divorcé qui va voir son cœur tanguer entre deux femmes ou Jill Clayburgh, particulièrement touchante elle qui cherchera à ne pas s'attacher pour ne pas souffrir. L'authenticité dégagée par le film vient aussi d'eux, à la façon dont Pakula capte des sentiments enfouis grâce à un regard, un geste ou des paroles semblant anodines. L'humour fonctionne, à l'image de la chanson de Candice Bergen, tandis que l'on se retrouve aussi envoyé dans une autre époque, tant dans les mœurs que le cadre (sobre, jamais dans le glamour) du film, ce qui est rafraichissant et participant à l'ambiance mélancolique.
Avec Starting Over, Alan J. Pakula signe un séduisant tableau des difficultés des relations amoureuses lorsqu'on a un passé important, sublimant les émotions et bouleversement du quotidien, et s'appuyant sur de remarquables comédiens, à l'image d'un Burt Reynold hésitant et n'arrivant pas vraiment à tourner le dos à son passé.