Toute la difficulté qu'il y a à visionner un film lors d'un festival réside dans la volonté de faire abstraction des autres films vus dans un temps très court sans être sur d'y parvenir totalement. Le coeur du spectateur se voit submergé par des sentiments, des rythmes et des ambiances, parfois, trop différents. Aussi pour parler de Merry Christmas M. Mo, il faut parvenir à imaginer le film sans les traces que les autres projections nous ont laissé en empreinte.
Et le film, si on se laisse porter par son rythme propre, est des plus agréables à contempler. Accélérer le temps du film aurait été comme accélérer le temps qu'il reste au personnage de Mr. Mo pour transmettre ce qu'il a à transmettre avant que la bombe n'explose dans son estomac. La symbolique qu'il emploie est, d'ailleurs, magnifique. Le temps du film est entrecoupé de chapitres qui font, certes, référence au cinéma muet mais aussi à la littérature à laquelle le réalisateur Lim Dae Hyung s'affilie.
Si l'hommage rendu au cinéma muet est flagrant avec ce personnage chaplinesque que Mr. Mo créé. Il semble que le film fasse aussi honneur à ces hommes discrets à la vie si monotone qu'elle se pare de noir et de blanc et qui pourtant transmettent, par leur seule conduite, une éthique du quotidien.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu pareil personnage à l'écran et il était touchant de découvrir avec quelle subtilité Mr. Mo rangeait les dossiers de sa vie.
En sachant comment les personnes âgées en Corée sont dépeintes et traitées, ce petit film discret et modeste est une vraie perle en leur honneur. Pour ce seul aspect, il mérite d'être salué. Bien que ce premier long métrage porte en lui la jeunesse du réalisateur et révèle que celui-ci ne semble pas s'être encore totalement trouvé en tant que cinéaste - d'où le besoin d'affiliation - il reste une belle oeuvre contemplative.
On ne peut ainsi le noter trop durement mais on espère beaucoup des prochains films de Lim Dae Hyung, peut-être dans un tout autre registre. 힘내요 !