Depuis ses tout premiers courts et moyens métrages, Emmanuelle Bercot a su démontrer qu'elle savait traiter de sujets délicats avec un mélange détonnant de crudité, de sensibilité et d'intelligence tout à fait remarquable que cela soit pour ses productions ciné ou télé qu'elle soigne avec la même précision, sans distinction de "classe" et ne considérant jamais le téléfilm comme un sous genre.

Le fil rouge de son cinéma serait sans doute, du magnifique "Les Vacances" à "Backstage" en passant par "Clément", de faire le portrait d'une jeunesse abîmée, pervertie, salie par le fonctionnement même de notre société et des relations parfois troubles ou perverses entre les humains.

Mes chères études, tiré du best seller éponyme de Laura D. nous raconte avec beaucoup de pudeur malgré la violence et la crudité de la mise en scène la lente descente aux enfers d'une jeune étudiante (Déborah François absolument époustouflante) qui, ne parvenant pas à survivre et à financer ses études malgré son acharnement dans les petits boulots, finit par sombrer lentement dans la prostitution avec tous les aléas et atrocités que cela peut laisser imaginer.

Le parti pris de Bercot est de tout montrer dans une nudité jusqu'à l'os et de ne jamais enrober son propos dans une élégante ellipse. Le film, très cru et souvent très dérangeant parvient à toucher et même à émouvoir profondément en restant totalement réaliste et crédible et en ne sombrant jamais ni dans le mélo, ni dans le porno, (chic ou pas), ni même dans un "érotisme" voyeur glauque qui aurait pu le rendre totalement obscène. C'est d'ailleurs là que réside la principale qualité du film, dans cette capacité à une telle violence et à une telle crudité sans jamais tomber dans une complaisance obscène.

Il faut avant tout de nouveau et surtout vraiment saluer la performance exceptionnelle de la jeune actrice (et de ses partenaires, Matthieu Demy, notamment) qui confirme là tout le bien que l'on pouvait déjà penser d'elle après ses apparitions chez Les Dardenne, Mouret, et également dans Les Femmes de l'ombre et La tourneuse de page.
Cette très jeune comédienne a déjà - avant ce film - derrière elle une courte mais impressionnante filmographie, allant du cinéma d'auteur le plus exigeant au plus commercial (mais réussi) et elle démontre malgré son jeune qu'être actrice c'est avant tout savoir faire des choix, et de bons choix.
Il est d'ailleurs bien dommage que Mes Chères études n'ai pas eu le privilège d'une sortie cinéma car elle aurait sans doute été la seule cette année là à pouvoir prétendre de piquer le César à l’indétrônable Adjani brillante dans La Journée de la jupe.

Ceci étant dit et malgré tout le bien que j'en ai dit ci dessus, attention, le film est vraiment très dur et ne saurait être conseillé à des personnes trop sensibles.

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le 9 août 2014

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