Putain de film !
Depuis ses tout premiers courts et moyens métrages, Emmanuelle Bercot a su démontrer qu'elle savait traiter de sujets délicats avec un mélange détonnant de crudité, de sensibilité et d'intelligence...
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le 9 août 2014
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Aimé-je vraiment Emmanuelle Bercot ? Je pensais que oui, j'avoue nettement plus me poser la question après « Mes chères études ». Certes, « Backstage » m'a plu, « Elle s'en va » (fin exceptée) aussi. Mais « La Tête haute » m'avait laissé plus mitigé, ce qui est encore plus le cas ici. D'accord, c'est un téléfilm datant d'il y a dix ans, ce qui est évidemment à prendre en compte. Pour autant, c'est aussi à mon sens le signe d'une réalisatrice inégale et pas toujours maître de son sujet (ici, la prostitution (féminine) estudiantine). Si cette réalité indéniable mérite clairement d'être abordée, la forme m'a laissé nettement plus dubitatif. J'entends déjà dire qu'il s'agit de l'adaptation d'une autobiographie : c'est vrai, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut tout accepter.
Attention : RIEN ne justifie la violence, et il est évident qu'un tel quotidien est éminemment perturbant. De plus, l'héroïne ne rencontre finalement pas tant de tarés, juste des « monsieur tout le monde » souhaitant souvent sortir de leur misère sexuelle moyennant finance, qu'on ne cherche pas (trop) à diaboliser. Le problème, c'est que j'ai finalement eu très peu d'empathie pour ce personnage, dont le comportement, voire les réactions peuvent fortement prêter à caution. Ne serait-ce que son cheminement : elle a l'air parfois dévastée, parfois plutôt bien dans ses pompes : cela aurait pu être un parti pris intéressant, sauf que Bercot ne l'évoque jamais ouvertement, le rendant assez illogique, presque contre-nature.
Elle a beau être maltraitée, souffrir, celle-ci continue, certes par besoin d'argent, mais ne semble jamais chercher d'alternative
(attendant d'être à Paris pour le faire),
à l'image de parents quasiment inexistants. Malgré
un viol, celle-ci continue à fréquenter son agresseur, voire à ressentir une forme d'affection pour lui.
Tout ça nuit terriblement à la crédibilité du récit, et je suis désolé pour la dénommée Laura D. : si ce qu'elle a subi est inacceptable, elle s'y est complu pendant bien trop longtemps. Quand à ces deux « officiels », ils laissent songeur tant ils sont caricaturaux, soit sans empathie, soit d'une jalousie (tardive) confondante, les hommes, de façon générale, étant regardés avec pas mal de mépris.
Même formellement, quelques approximations surprennent, à l'image de ces zooms grotesques censés exprimer plus intensément les émotions de l'héroïne, ou encore
cet ultime regard face caméra : tellement cliché...
Au final, c'est assez malsain, mais rarement de façon justifiée, la réalisatrice jouant trop peu du hors-champ ou de la suggestion. Après, ce n'est pas inintéressant, parfois efficace (notamment lorsque celle-ci est touchée dans sa dignité de femme), bien que sans aucune surprise tant on voit ce qu'on s'attend à voir. Déborah François, loin de livrer sa meilleure prestation, s'en tire avec les honneurs. Mais c'est vraiment Alain Cauchi qui se distingue dans ce rôle (vaguement) ambigu de père de famille irréprochable ayant besoin d'assouvir des fantasmes l'étant beaucoup moins. Bref, si le résultat a au moins le mérite d'évoquer une question importante, pas sûr que le matériau d'origine et ce traitement très inégal lui fasse honneur. Décevant.
Créée
le 1 oct. 2020
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