Voilà bien un film dont on n'a pas vraiment entendu parler au Québec, et encore moins à l'étranger.
David, un comédien d'origine innue, vit à Montréal depuis son adoption à l'âge de trois ans.
Il ne connaît rien de ses parents biologiques, de la Côte Nord, de la culture et la langue innue. Il ne se rappelle pas de sa petite enfance.
Après avoir reçu une lettre au nom de Gertrude, sa mère biologique, il se rend à Kinogamish (Sept-Îles) pour la rencontrer pour la première fois. Ce qu'il ignore, c'est que la lettre n'est pas envoyée par sa mère, mais par un homme qui veut éviter un mariage entre Gertrude et le maire de la ville.
La venue de David révèlera la vérité sur la mort du père biologique et sur la nature du futur beau-père. Ou enfin : cela confrontera la communauté à ses propres mensonges.
Le film commence alors que David récite un monologue d'Hamlet devant un groupe. On se doute dès le départ que l'histoire réemploiera le motif de la pièce de Shakespeare : ce n'est pas d'une grande subtilité.
Comme si le ton n'était pas assez lourd et dramatique, on a droit aux passages sur le statut des Indiens et des métis, une mention rapide du massacre des Sioux, une consultation publique sur des coupes forestières dans les terres ancestrales, une histoire d'inceste fraternelle entre deux drogués (dans laquelle David se trouve mêlé sans que cela serve le récit…), sans parler des graves problèmes d'alcoolisme de Gertrude. L'animal totem (Mesnak, la tortue) du défunt père revient continuellement dans une symbolique sans finesse. Ç'a le mérite d'être ambitieux, mais on traite de trop de sujets à la fois (sans profondeur).
La qualité du jeu des acteurs est très variable – on sent le manque de naturel des comédiens amateurs. J'ai souvent décroché, devant un texte visiblement lu à haute voix.
Plutôt que d'utiliser des sous-titres aux moments où il est naturel que des Innus parlent entre eux dans leur langue, les scénaristes ont préféré des dialogues bilingues factices et lassants en début du film : une phrase en innu, puis la traduction en français. Heureusement, cela cesse après quelques scènes.
En résumé, les sujets sont mal exploités, confus et peu maitrisés. Le cinéma autochtone semble en être encore à ses balbutiements (mais qu'est-ce que j'y connais ?). Bref, je me dis que ç'aurait pu être bien pire.
Les points positifs du film sont, selon moi : la direction photo, plus particulièrement les images de la Côte Nord qui sont magnifiques et, pour des raisons bien personnelles, la musique de Florent Vollant qui m'interpelle toujours autant, tout comme la sonorité de la langue innue.