1981. C'est le week end, père et mère sont de sortie pour un mariage ou une bouffe chez de la famille je ne sais plus. Nous sommes samedi et le temps est agréable, quoi de mieux pour passer un après-midi cinoche ?
Prise de remord de nous laisser ainsi en plan, mère sort son porte-monnaie et missionne l'aîné de nous emmener, mon frère et moi, dans les salles obscures. Il n'en faut pas plus pour me faire grimper au plafond.
Le repas de midi ingéré à toute vitesse (je ne peux entrer dans les détails concernant ce que fut ce dîner, j'ai de la mémoire mais, pas à ce point) et nous nous préparons pour aller au plus vite dans le cinéma de la ville.
Situé au centre-ville, dans ce que l'on appelait auparavant « la voie piétonne » ou « la grande rue », se trouvaient les deux cinéma de la ville . « gamma » le plus petit avec ces quatre salles et « alpha » avec six salles dont une extra large pour les grands films.
La question que l'on se posait dès lors était toujours la même : on va à alpha ou à gamma ?
Pour le coup nous en avions aucune idée car, pris de cours, on ne savait pas du tout ce qui était à l'affiche.
Alors zou pour le premier où les quatre films proposés ne nous convenaient guére. Ni une ni deux, on file tous les trois, fière fratrie, vers le second cinéma et à toutes jambes parce qu'il est presque 14h et les premières séances sont commencées.
Nos trois têtes en l'air restent dubitatifs, que voir ? Il faut faire un choix et mon regard se fige sur ce « Métal hurlant » dont la sublime affiche m'agrippe la rétine pour ne plus jamais la lâcher.
Premier problème, le film a déjà commencé quand nous entrons dans la salle, il faut nous trouver trois places dans le noir en évitant de déranger davantage les spectateurs. Second problème ( qui en fait est le premier), c'est un dessin animée !! J'étais persuadé que c'était un film live. Malgré tout nous nous asseyons et commençons enfin le visionnage.
Film Canadien produit par Ivan Reitman, METAL HURLANT est une suite de court-métrages dont le fil rouge est une boule verte lumineuse et meurtrière le « lock nar ». Mêlant SF et Fantasy, c'est l'adaptation de la bd imaginé par l'ami Jean-Pierre Dionnet et sa bande (Philippe Druillet, Mœbius et Bernard Farkas). C'est violent, c'est ironique, parfois gore et très coquin. Je me demande encore comment j'ai pu entrer alors que j'étais plus que mineur à l'époque. Six sketchs sex, droque et rock'n roll dont le magnifique « Taarna » l'épopée d'une princesse qui cherche à venger son peuple massacré par un tyran.
Au final nous en sortons bluffé. Oui c'est un dessin animée et alors, cela ne l'empêche pas de devenir culte et de ressortir, 40 ans plus tard, dans une splendide version 4k ultra HD qui offre une seconde jeunesse au film.
Je ne l'ai jamais revu depuis sa sortie salle jusqu'à aujourd'hui et malgré cela j'en garde de précieux souvenir tellement cette séance m'a marqué.
Je me doute bien que l'animation a dû en prendre un sacré coup au fil des années et j'ai peut-être peur de gâcher mon merveilleux souvenir que je garde. Qu'importe, je casserais ma tirelire une nouvelle fois pour m'offrir cette superbe édition reliftée et j'en suis sûr que la machine à rêve fonctionne encore.