Pathétique
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Si vous aimez Metallica, il faut voir Some Kind of Monster. Si vous ne connaissez pas Metallica (c’est mon cas), ou si vous n’aimez pas Metallica, il faut aussi voir Some Kind of Monster.
Il faut l’avouer, j’aime les documentaires sur les musiciens au travail : Don’t Look Back, sur Dylan, de D. A. Pennebaker, 101, du même sur Depeche Mode, Gimme Shelter ou One+One sur les Stones, mais aussi le film de Clouzot sur Karajan… Je me rappelle même avoir réévalué Mlle Dion à la hausse après l’avoir vu au travail avec J.J. Goldman…
Aussi, quand l’ami Fulci m’a proposé Some Kind of Monster, j’ai cru qu’il me ressortait un classique du ciné italien d’horreur des années soixante dix.
Non. Some Kind of Monster, c’est un documentaire de 2004 sur Metallica, le supergroupe de Heavy Metal des années 80.
Le pitch : en 2001, le groupe est au bord de la crise de nerfs, et dans les conflits d’ego. Leur bassiste vient de les quitter et le groupe peine à enregistrer son nouvel album, sur fond de désintox’ et de rivalités entre les deux têtes pensantes du groupe (James Hetfield, chanteur, et Lars Ulrich, le batteur)
Au lieu de régler ça à la régulière, split (Lennon/Mc Cartney), cadavre dans la piscine (Jagger/Richards et l’encombrant Mr Jones), revolver (Jerry Lee Lewis, Phil Spector), Metallica choisit la manière moderne : un coach. Un gars, Phil, la cinquantaine, qui ne connaît rien au hard rock mais qui se coltine les équipes de foot américain, qui ont leurs problèmes d’ego, elles aussi…
Et cherry on the cake : on filme tout ça, ce qui donne Some Kind of Monster, deux heures de déballage ahurissantes, émouvantes, sincères, caractérielles, frimeuses, manipulatrices, beaufs, modernes, psys, comme on voudra.
Qui a joué cinq minutes de la guitare dans un groupe comprendra ce que je veux dire : ce n’est pas facile tous les jours. Voir ces types, avec leurs cent millions d’albums vendus, qui ont les problèmes de monsieur tout le monde, c’est rassurant. Voir Dave Mustaine, leur premier guitariste, viré pour alcoolisme, se considérer comme un raté alors qu’il a fondé Megadeth et vendu à lui seul vingt-cinq millions d’album, en fera réfléchir plus d’un sur l’incroyable abîme de la psyché artistique.
Après sept cents jours d’engueulade et de thérapie de groupe, le film est terminé : en 2003, Metallica sort St Anger, un album vite classé numéro un et entame une tournée triomphale.
Sous le charme, mais sans être dupe, il reste à démêler dans tout cela l’exercice d’autopromotion. Si c’était l’intention, c’est raté : les héros sont des beaufs, fans de Harley. Ils mangent des fruits frais et vont au cours de danse classique kitsch de leur gamine. Rien de très bon pour l’imagerie rock…
Non, Some Kind of Monster ressemble plutôt à un journal intime, avec ce qu’il peut y avoir de pathétique et de sublime dans l’exercice…
Comme dans In Bed with Madonna, l’exercice de com’ finit par dépasser son commanditaire en accouchant d’une créature indéterminée, à mi-chemin entre l’hagiographie et le reportage : some kind of monster, but a beautiful one.
Créée
le 15 oct. 2017
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