L'esthétique soignée et léchée qui confine à la glorification d'un exotisme de pacotille et de cartes postales réduit à une accumulation d'images choc comme autant de clichés pose d'emblée un gros problème. Le regard porté sur les personnages par le réalisateur en est incontestablement un autre tant la condescendance, sinon le mépris sous-jacent qui se pare ici des détestables oripeaux de la compassion et de la bonne conscience, ne se dissimule jamais dans cette avalanche de péripéties qui plongent Oscar et sa famille venus tenter leur chance à Manille toujours plus dans le sordide et l'inexorable où la survie passe forcément par la vente de son corps et de son âme. On a droit ici aux deux si bien que le tableau de la descente aux enfers - malgré l'imploration d'un Dieu bienveillant et protecteur - est à peu près exhaustif dans l'exposition des pires travers du genre humain. Le fermier d'une naïveté si confondante qu'elle en devient suspecte se révèle d'un coup (par une pirouette scénaristique volontariste) un petit malin prévoyant. Depuis longtemps, les longs-métrages du philippin Brillante Mendoza ont montré avec un vrai sens du cinéma une réalité autrement plus complexe et moins manichéenne. Comma la vision de Danny Boyle sur l'Inde avec le calamiteux Slumdog Millionaire, celle de son compatriote Sean Ellis se bâtit sur la même démagogie putassière et écœurante. Un très mauvais service au final rendu aux laissés-pour-compte que le film est censé défendre.