Naître pour être pendu, c'est éviter la noyade.

Belle surprise. J'attendais quelque chose de bien venant de Sean Ellis (après Cashback que j'avais vraiment beaucoup aimé à tous points de vue) et j'en ressors ravie et étonnée. Quel grand écart entre les deux films, une façon de filmer et de raconter vraiment différente, et le soin de l'image, toujours là, est plus discret, moins scolaire (petit reproche que je pourrais faire à Cashback).

Une pauvre et si gentille famille qui débarque à Manille, dans l'espoir de trouver travail, logement et argent, mais qui va rencontrer toute la cruauté humaine et se retrouver embarquée dans une spirale de malheurs, de douleurs et d'humiliations.

Sean Ellis nous embarque dans la ville. On est directement imprégnés de son ambiance, de ses gens, de ses bruits, des ses odeurs, de sa frénésie, de sa pauvreté (la scène lorsque la gentille famille sort du camion qui les amène de leur rizière au cœur de Manille est parfaite).
Les méandres, le bordel, la crasse, la chaleur.
On échappe à rien grâce à l’œil de la caméra.

Ellis ne cherche pas à faire dans la demie mesure, son film ressemble plus à un conte. Les gentils sont gentils jusqu'au bout (famille unie malgré tout. Enfants calmes et mignons. Malgré la faim, dans la rue, avec deux sacs pour tout foyer) et les méchants ne suscitent aucune pitié (sauf peut-être celle d'avoir succombé à un monde vénal, et de le cautionner. Faille qu'on peut tous comprendre).
Du coup, jusqu'au bout on est dans une empathie complète pour ce type. A se sentir claustrophobe dans le camion blindé, à se sentir mal à l'aise au milieu des collègues saouls, à serrer fort sa femme le soir parce que c'est le seul moment de douceur de toute une journée.
Ça marche à fond sur les émotions.

La construction du scénario aide aussi à s'accrocher minute par minute à cette histoire. Dès le départ on nous dit que ça risque bien de mal se terminer. Un suspens est mis en place, on sent d'emblée qu'Oscar entre dans un monde qui va lui en faire baver. Et petit à petit, quand les choses se dévoilent, on espère voir la porte de sortie.

J'ai trouvé la fin superbe. Certes on sent plus un scénario travaillé au millimètre plutôt que la sincère tranche quotidienne et semi-réaliste du début, mais j'ai aimé ce mélange. Ne pas se laisser aller à une "simple" chronique sociale mais y insérer des éléments proches du polar bien noir.

Va falloir le suivre de très près ce Sean Ellis.
Queenie
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le 5 août 2013

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Queenie

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