Hack to the future
À l’origine du futur se situe Metropolis : œuvre monstre, qui embrasse avec démesure la potentialité du cinéma, encore dans son âge muet, et qui, après les fresques monumentales de Griffith sur le...
le 28 févr. 2019
59 j'aime
1
Metropolis nous fait par moments doucement sourire, il est emprunt d'un état esprit un peu vieillot, que l'on qualifierait de nos jours de réactionnaire. On sent Fritz Lang très influencé par son éducation catholique, pas seulement à travers ses références, mais à travers l'aspect moraliste (et prônant une morale chrétienne de mauvais goût) que le film prend parfois. Le spectateur d'aujourd'hui rit en voyant cette opposition grotesque entre l'héroïne très douce et maternelle que l'on voit sans cesse accompagnée des fils et filles d'ouvriers et sa copie pleine de vices qui au contraire est prête à risquer la vie de tous les enfants, qui passe son temps à rire, à danser à moitié nue, bref, à pécher. Par ailleurs, le message transmis par le film est pour le moins douteux : le peuple ne peut se révolter seul, il doit attendre un médiateur pour faire le pont entre "les mains", c'est à dire le prolétariat (il n'est nullement question d'une possibilité pour les ouvriers de devenir cérébraux), et le "cerveau", c'est à dire le patronat. Ce médiateur est incarné par le héros, Freder, un aristocrate. Il faudrait donc attendre que le changement vienne de la classe dominante. J'ai souvent entendu parler de révolutions venant de la bourgeoisie, et plus rarement entendu parler de révolutions venant du prolétariat ... Par contre, je dois dire qu'avant de voir ce film, je n'avais jamais rencontré l'idée selon laquelle le peuple devait attendre un changement social majeur venant de l'aristocratie elle-même ! Enfin, Lang a au moins le courage de ses opinions (encore que, des bruits courent selon lesquels il aurait souvent été influencé par sa femme).
Par contre, le film est vraiment magnifique, et on ne s'ennuie pas trop. Le spectateur remarque à peine qu'il s'agit d'un film muet : de nombreux intertitres rendent le film vivant, et l'on s'imagine sans mal le reste des conversations qui ont lieu entre les personnages. On retrouve un jeu d'acteur typique du cinéma expressionniste allemand qui nous change de ce que l'on voit d'habitude, l'actrice principale, Brigitte Helm, qui joue le rôle de Maria et de son double, est fascinante (malheureusement les autres films dans lesquels elle a joué sont tombés dans l'oubli). J'ajouterais que le personnage du père est assez réussi. Malgré sa mégalomanie et sa cruauté, son fils reste plus important pour lui que son empire industriel, ce qui nous change du stéréotype de l'homme de pouvoir froid et cynique.
Créée
le 19 mars 2014
Critique lue 3.2K fois
46 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Metropolis
À l’origine du futur se situe Metropolis : œuvre monstre, qui embrasse avec démesure la potentialité du cinéma, encore dans son âge muet, et qui, après les fresques monumentales de Griffith sur le...
le 28 févr. 2019
59 j'aime
1
Qu'est ce qui a été réellement inventé en matière de science fiction après ce film? J'aimerais bien qu'on me le dise... Il y a tout ici. Les décors, ces tours qui montent, gigantesques, ces...
Par
le 10 août 2013
52 j'aime
15
Toute mon appréciation de ce film tient dans une phrase de Buñuel : Metropolis est d'après lui « le plus merveilleux livre d'images qui puisse se composer ». (Ce à quoi j'ajoute quand même : « ... en...
le 11 avr. 2011
48 j'aime
28
Du même critique
J'étais emballé par la première demi-heure, par les images fascinantes de la planète inconnue, par la structure du vaisseau "Maman", par les décors fabuleux qu'ils traversent lorsqu'ils partent...
Par
le 17 mai 2014
44 j'aime
11
Je vais vous demander de faire une expérience de pensée, et d’imaginer que le film se termine cinq minutes plus tôt, au moment exact ou l’avion s’envole avec Kat. On obtiendrait un film...
Par
le 15 oct. 2014
42 j'aime
2
Il ne s'agit pas vraiment d'une critique, mais plutôt d'une consultation. Psychose … Ce film m'a laissé assez indifférent. Si je l'avais vu sans savoir qu'il s'agissait d'un film réalisé par...
Par
le 11 août 2014
32 j'aime
5