Pour fêter dignement les quarante ans de la saga mythique, les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli décident bien entendu de faire revenir leur célèbre espion pour une vingtième aventure, la dernière pour Pierce Brosnan, mettant ainsi fin à un cycle avant l'arrivée du reboot en 2006. La mise en scène est confiée à Lee Tamahori, cinéaste ayant réalisé un putain de chef-d'oeuvre (L'âme des guerriers) avant de s'orienter vers la bousasse hollywoodienne bien grasse.


Si l'on met de côté l'horrible générique sur fond de tube inapproprié de Madonna, les premières minutes de Meurs un autre jour laissent espérer un opus séduisant. Contexte géopolitique tangible, James Bond captif et sacrément dans la merde, séquence d'action correcte... Il y a de quoi faire quelque chose de tout ça et peut-être finir en beauté, la technologie permettant de plus de se lâcher complètement dans le spectaculaire.


Malheureusement, il apparait bien vite que Meurs un autre jour n'a finalement rien à raconter, aventure désuète et limite anachronique, se contentant de lancer d'énormes clins d'oeil aux fans de la saga en citant leurs épisodes préférés à tour de bras. Un décalage qui aurait pu être séduisant mais qui ne fonctionne pas, nous donnant la désagréable impression d'assister à une parodie.


Jamais passionnant, Meurs un autre jour peine également à impressionner la rétine de son audience, les scènes d'action souffrant d'une utilisation bien trop prononcée de l'outil numérique, accouchant d'une poignée de plans tout simplement affreux, ce qui deviendra à mon grand désarroi la norme au cours des années suivantes. Et je ne parle pas du montage, parsemé de tics que n'aurait pas renié le pire clip de MTV.


Pour sa dernière participation à la série, Pierce Brosnan devient une caricature de lui-même, voir du Roger Moore de la grande époque, se contentant de balancer des répliques affligeantes et de lever le sourcil. A ses côtés, Rosamund Pike, fort élégante au demeurant, en fait soit trop, soit pas assez, pendant que Toby Stephens, monstre de charisme dans la série Black Sails, est ici mauvais comme un cochon grillé en bad guy grimaçant. Quant à l'alter-égo féminin de Bond, il aurait fallu une comédienne plus crédible que Halle Berry, manifestement choisie pour son tour de poitrine plus que pour sa capacité à endosser un tel rôle.


Référentielle et limite parodique, cette vingtième aventure est un ratage sur toute la ligne, ne proposant absolument rien passées ses premières minutes prometteuses. Il était temps de changer un peu la formule et cela sera chose faite avec l'opus suivant, remodelant enfin les codes d'une saga tombée bien bas.

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le 13 oct. 2015

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Gand-Alf

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