On entre dans le film comme on en sort, comme un voyeur. Cassavetes prend une tranche de vie d'un patron de boite et le confronte à un script basique de film noir. Mais au lieu de nous faire des plans composés accompagnés d'une belle musique et de dialogues aux petits oignons, Cassavetes préfére filmer caméra à l'épaule, mettre des dialogues simples et ne pas noyer son film sous une quelconque musique.
Cassavetes nous fait du cinéma vérité où l'on sent l'odeur polluée des rues, la sueur des danseuses et des spectateurs avides de seins nus. Il ne fait pas dans le spectaculaire mais laisse parler l'atmosphère. Le gros problème, c'est que malgré cette démarche respectable, le film manque sérieusement de rythme et ne fonctionne que lors de trop rares scènes. Les acteurs ont beaux être criants de vérité, on ne s'intéresse pas vraiment à leurs sorts. On assiste donc sans passion à un récit parfois passionnant, parfois incroyablement vide le tout filmé à froid sans sens de la composition.
La démarche était respectable mais je préfère le cinéma, le vrai. Si je veux de la réalité, je sors de chez moi et j'en prend une grande bouffée dehors.