Le succès du chef-d'oeuvre de John Carpenter, Halloween, n'a pas laissé les producteurs indifférents. Pour se démarquer du film de Carpenter, les réalisateurs et scénaristes ont eu recours à divers subterfuges : changement de décor, accoutrement du tueur, armes de prédilections... Si certains se sont bien débrouillés (voir la série des Vendredi 13), d'autres ne se sont pas foulés pour pondre des histoires un tant soit peu originales...
Meurtres à la Saint-Valentin illustre à merveille la vague post-Halloween des slashers mollassons qui ont pullulé sur les écrans durant les années 80...
Le réalisateur George Mihalka n'a sûrement pas inventé la poudre à canon. Et encore moins la recette du "slasher movie". L'histoire est tout ce qu'il y a de plus classique. Jugez-plutôt :
Dans une petite ville paisible des Etats-Unis, un groupe de mineur trouve la mort à la suite d'une explosion, due à un défaut de surveillance de la part d'autres mineurs, qui se sont gentiment éclipsés pour se rendre au bal de la Saint-Valentin. Mais l'un des mineurs, un certain Harry Warden, a survécu à l'accident et entend bien se venger des mineurs qui n'ont pas assuré la surveillance de la mine. Après quelques meurtres, Warden est interné dans un hôpital psychatrique. Quelques années plus tard, lors de la fête donnée pour la Saint Valentin, Harry Warden refait surface et signal son retour en envoi en colissimo au maire un coeur fraîchement prélevé dans la poitrine opulante d'une jolie blonde. Le cauchemar peut à nouveau recommencer...
Bon, j'ai un peu romancé l'histoire pour la rendre un peu plus attractive. Vous savez, c'est un peu comme lorsque l'on parcourt les résumés au dos des jaquettes de VHS ou de DVD : c'est souvent très aléchant mais il arrive aussi parfois que le résultat à l'écran ne soit pas aussi "flippant" que ce que la jaquette annonçait...
Dans le cas de ce Meurtres à la Saint-Valentin, le titre est assez évocateur et accrocheur. Mais cela n'empêche pas le film d'être un slasher de seconde zone qui ne parvient à aucun moment à se hisser aux rangs des Halloween et autres Vendredi 13. On passera sur l'histoire assez classique pour passer à la seule originalité du film : le tueur. Son look est assez sympathique : masque à gaz et complet noir, armé d'une pioche, le bonhomme se ballade aux alentours de la mine pour trucider quiconque croise son chemin. Hélas, cet élement est un peu maigre en regard du reste du métrage. Dialogues insipides, meurtres discrets et souvent en hors-champ, personnages caricaturaux... A la trame du film, s'ajoute une brève histoire d'amour en forme de triangle mettant en scène les personnages centraux de l'histoire. Une "sous-intrigue" dont on se serait bien passé...
La trame du film est assez particulière. Au départ, l'histoire nous laisse entrevoir que le nouveau tueur est bien Harry Warden, échappé de son asile. Mais par la suite, le film se transforme en un ↘️"whodunit" (*) dont le final en fera sourire beaucoup. Cependant, les meurtres se succèdent à un rythme assez soutenu. Malheureusement, aucun débordement gore n'est à noter et les meurtres nous sont balancés à la figure sans ménagement d'un suspense quelconque. La réalisation est tout ce qu'il y a de plus conventionnel. Le film souffre d'un sérieux handicap au niveau du rythme dû à un montage souvent approximatif et peu dynamique.
Au final, Meurtres à la Saint-Valentin est un film qui ne tient pas les promesses de son titre et figure parmi les plus mauvais slashers jamais réalisés.
↘️(*) un "whodunit" est un postulat de base d'un scénario qui énonce le principe suivant lequel le tueur du film se trouve parmi les protagonistes de l'histoire. Par exemple, les Scream, fonctionnent sur ce principe (largement éculé aujourd'hui).
Clin D'œil :
En 2001, le réalisateur George Mihalka proposa à la PARAMOUNT un projet de suite à son film. Mais étant donné les résultats médiocres au box office du film (sortit en 1981 quand même!), la PARAMOUNT ne donna pas suite...
"Meurtres à la Saint-Valentin" (My Bloody Valentine) était au départ un film particulièrement gore! Seulement, la censure de l'époque, furieuse d'avoir laissé passer un film comme "Vendredi 13", se "vengea" entre autres ("Vendredi 13, 2e partie" paya aussi largement les pots cassés), sur ce film, en opérant un massacre au montage digne du plus vil, vicieux et irresponsable serial-killer...
Le "Director's Cut" est enfin disponible dans une édition zone 1 sortie en 2009.