Retour au foyer
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A peine remis de la projection schizophrénique du triptyque de Philippe Grandrieux, moment de cinéma indescriptible composé de trois volets plastiques initialement prévus pour être présentés sous la forme d'une installation synchrone mais finalement visibles séparément, cruellement désolidarisés afin d'être vus dans leur intégralité dans une salle obscure traditionnelle...
Meurtrière - lucarne singulière ouverte sur une danse macabre resplendissante - succède au fascinant White Epilepsy dans le saisissant work in progress de Grandrieux ; il constitue à mon sens le point d'orgue d'une trilogie auscultant les corps tout en interrogeant leur(s) représentation(s), véritable expérience immersive et sensualiste. A la fois froidement distanciés et puissamment haptiques en paradoxe les corps abrasifs de Meurtrière prolongent la recherche involutive des danses mouvantes et polymorphes de White Epilepsy.
Incroyable iris tubulaire au titre évoquant un voyeurisme étrangement médiéval ce moyen expérimental réapprend à voir purement et décemment, nous plongeant dans une obscurité surréelle, éblouissante presque. Succession de formes peu à peu enchevêtrées, se superposant à la manière de spectres noyés dans un charnier d'une éclatante vitalité Meurtrière distille insensiblement mais sûrement sa splendeur marmoréenne, présentant ses performers comme autant de bêtes immondes sublimées dans un maelström tenant lieu de fosse commune baudelairienne.
Le film est inouï et - pour peu que l'on aime réellement boire les images tout en les analysant dans le même temps - simplement miraculeux au regard de la production actuelle. Une oeuvre majeure de Philippe Grandrieux, objet d'esthète à la brillance incontestable même si pas toujours évidente dans son appréhension. J'ai adoré.
Créée
le 26 oct. 2018
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