Mi gran noche
Mi gran noche est un bordel magnifique. Tourné principalement dans un hangar où des gens font semblant de rire, de trinquer, de danser, d'applaudir, en prévision de la nouvelle année. Tout ce monde...
Par
le 15 nov. 2015
6 j'aime
La distribution cinéma hexagonale devant laisser la place aux blockbusters Marvel, reboots de franchises des années 1980 et 1990 et autres comédies populo-franchouillardes ne faisant rire que trois spectateurs et leurs distributeurs, la dernière œuvre d’un des plus originaux et inventifs metteurs en scène européens actuels est reléguée dans la distribution numérique, un an après sa sortie dans son pays d’origine. Petit coup de projecteur sur l’un des films les plus drôles que vous devriez ne pas manquer en cet automne 2016.
Après une bonne couverture de salles attribuée à son drame noir comme le charbon Balada Triste De Trompeta au printemps 2011 (et une déconfiture au box-office), on ne peut pas dire que la filmographie d’Alex De La Iglesia ait été particulièrement choyée par nos distributeurs francophones, en témoignent les sorties discrètes fin 2012 de la magnifique comédie dramatique La Chispa De La Vida (Un jour de chance en VF) et début 2014 de son retour à la comédie fantastique délurée avec Les Sorcières de Zugarramurdi. Du coup, le dernier long-métrage en date du metteur en scène hispanique, Mi Gran Noche, un an après sa sortie sur les écrans ibériques, arrive en France… sur NetFlix en ce 1er octobre 2016, dans une indifférence quasi-générale, noyé au milieu des nombreux ajouts du bouquet SVOD. Et ce serait bien dommage de passer à côté, tant le métrage est l’un des plus drôles, fous, réjouissants que vous verrez en ce début d’automne tristounet.
Durant toute une nuit, et à un rythme trépidant, enchaînant les dialogues et péripéties à vitesse grand V, De La Iglesia nous entraîne 95 minutes durant à un véritable maelstrom de situations rocambolesques, sous une caméra s’infiltrant dans tous les coins et recoins du plateau de télévision. L’occasion est donnée au metteur en scène de nous décrire, avec ironie et jubilation mais tout de même une véritable tendresse, une véritable faune de personnages délurés, excentriques, prêts à tout pour faire valoir leurs intérêts personnels et superficiels dans un décor factice (faux alcool, fausse nourriture sur les tables des figurants !), alors que dehors, depuis plusieurs jours, des gens se battent pour leurs emplois et faire vivre leurs familles. Mais De La Iglesia ne tombe pas dans le piège du film à thèse ou à message contre les médias complètement déconnectés de la réalité du pays. Le but est juste de donner un divertissement drôle, rythmé, enlevé, vif, et le résultat est pleinement réussi, tant De La Iglesia n’est jamais aussi bon lorsqu’il s’agit de mettre en scène une véritable troupe de protagonistes tous plus idiots les uns que les autres, empêtrés dans des situations ubuesques.
Avec ce dernier long-métrage en date (le prochain, El Bar, arrive en 2017 en Espagne, et un nouveau film est déjà actuellement en tournage), De La Iglesia clôt en quelque sorte une trilogie de films sur la société du spectacle et ses conséquences sur l’humanité et les relations humaines : en effet, en 1999, Muertos de risa (Mort de rire en VF) était une comédie noire racontant la lente désagrégation de l’amitié entre deux humoristes soudain mis sous le feu des projecteurs, en 2011, La Chispa De La Vida était un drame sur un commercial au chômage depuis une longue durée, mis au ban du système, prêt à tout, même à perdre sa dignité, pour de nouveau réintégrer la société du spectacle. Avec ce Mi Gran Noche, De La Iglesia analyse de façon plus décontractée, bariolée, cette société du faux, du kitsch, du vulgaire, du grossier. On peut juste regretter un final un peu en demi-teinte, un climax qui manque peut-être d’un grain de folie comparé au reste du métrage, mais c’est faire un peu la fine bouche face à ces 90 minutes de folie et d’excentricité offertes par le réalisateur hispanique.
Porté par des comédiens tous excellents, une mise en scène endiablée et un rythme ne faiblissant quasiment jamais, Mi Gran Noche est donc la petite curiosité à ne pas louper au beau milieu du catalogue déjà bien abondant de NetFlix. Alors, avant qu’il ne soit balayé et oublié dans le flot incessant de sorties VOD, nous vous espérons que cette chronique vous donnera de vous amuser devant cette comédie folle, et de découvrir par la même occasion les travaux antérieurs d’Alex De La Iglesia, cinéaste encore trop peu méconnu en nos contrées.
Chronique à retrouver sur Critique-Film : http://www.critique-film.fr/critique-mi-gran-noche/
Créée
le 3 oct. 2016
Critique lue 822 fois
9 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Mi gran noche
Mi gran noche est un bordel magnifique. Tourné principalement dans un hangar où des gens font semblant de rire, de trinquer, de danser, d'applaudir, en prévision de la nouvelle année. Tout ce monde...
Par
le 15 nov. 2015
6 j'aime
Un énorme bordel jouissif et intelligent comme on n'en voit pas assez souvent au cinéma (Hellzapoppin, Blake Edwards). C'est à la fois d'une inventivité tout azimut et d'un kitch parfaitement assumé,...
Par
le 30 nov. 2020
4 j'aime
1
Voici un film qui laisse le sentiment d'un grand bordel fichtrement bien organisé, se regardant tel un divertissement au geste large et au discours intelligent. Mi gran noche n'est rien de moins...
Par
le 22 févr. 2017
3 j'aime
Du même critique
Enfin, enfin ! EN-FIN !! Je l’ai trouvé, je l’ai acheté, elle est entre mes mains, ça y est !!! Après moult recherches dans les bacs à soldes et autres Cash Converters, je suis enfin en possession du...
Par
le 19 août 2016
13 j'aime
Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France. En effet, alors que l’on ne cesse de louer la diversité du cinéma français, il arrive encore aujourd’hui que des projets sortant des rails...
Par
le 8 oct. 2015
12 j'aime
Les lumières de la ville se reflètent sur mon taxi en cette nuit pluvieuse. Autour de moi et mon véhicule, gravite toute cette population grouillant dans la mégapole ; parmi toute cette faune,...
Par
le 11 mai 2017
10 j'aime