Décidemment Mann c'est pas mon homme. Oui j’avais aimé Heat et son ambiance crépusculaire tendue du string, mais c’est pas pour autant que son label « testostérone by night », sous prétexte d'avoir marché une fois, doive se muer en réflexe de Pavlov à chaque occasion de prendre la caméra, et être validé systématiquement.

La déclinaison du western urbain ad vitam c’est bien gentil, sauf quand ça finit par ressembler à de l’insistance de dragueur de boite de nuit.

Parce que justement, avec son Miami Vice, ce qui est frappant c’est cette impression de se retrouver devant une pub géante pour Gillette avec tous les codes machos inhérents (mâle dominant/protecteur, cheveux gominés, air sérieux et sentences définitives, bagnoles de luxe et costards Armani, chemise ouverte et chaine en or qui brille).

Et je déteste quand la fiction fait de la femme une belle carrosserie bien polie tout juste bonne à refléter une image flatteuse du mâle alpha propriétaire des clés.

Alors vous, dont le curseur de la souris s’approche du bouton dislike, allez me dire que ça fait partie du concept de la série d’origine. Sauf qu’on est plus dans les années 80 et que les histoires de cartels de drogues et de gonzesses mi putes mi soumises prêtent à être sauvées du méchant hispanique à pilosité exubérante avec un accent douteux moi je trouve ça complètement chiant, en plus d’être anachronique de la façon la plus irritante possible.

Là, aucune empathie, aucune sympathie, aucun charme. Tous les personnages —Crockett et Ricardo en tête— sont puants et artificiels, mécaniques, froids, souffrant apparemment d’un narcissisme pathologique qui les poussent à prendre le plus possible de poses cools et négligé-recherché à la minute. Un véritable ballet de balais dans le cul.

C’est la sublimation du concept d’origine ? Suffit pas de se teindre la tignasse en blonde et de se faire filmer en train de conduire une caisse de nuit pour ressembler à Crockett. Suffit pas de prendre un acteur noir pour jouer un personnage noir. Suffit pas de prendre une caméra numérique et de filmer deux mecs en voiture habillés comme dans un clip de Genesis traversant une ville de nuit (ah bon, c’est Miami ? J’avais pas reconnu) pour s’y croire. Drive m’avait bien plus inspiré la série qui nous intéresse que ce film inintéressant.

Et puis alors, ce que je ne pardonne absolument pas à cette adaptation qui se veut apparemment si référencée, c’est sa pauvreté musicale et sonore. Non mais si tu veux te la péter MIAMI VICE avec épaulettes et chaussures qui brillent, lâche le son, sort le synthé, paye ta séquence clipesque, rappelle Phil Collins ou Jan Hammer quoi, je sais pas moi. Musique : John Murphy.

John Murphy ?

C’est bien beau ces images urbaines nocturnes tout de même, et la photo est très souvent chouette ; il faut au moins reconnaître ce point au film de Mann. Mais la narration est éclatée, notamment au début, tant qu’on essaie encore de nous faire croire que l’intrigue ne se résumera pas tout simplement à récupérer une poule en prenant un air sérieux de pub pour after shave. Sauf qu'en fait l'intrigue se résume simplement à récupérer une poule en prenant un air sérieux de pub pour after shave, et on se fait chier à garder un œil ouvert entre dialogues soporifiques et scène sensuelles et sans suite.

C’est suffisant, désuet et ridicule, à l’image de la moustache de Farrell.

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le 14 janv. 2013

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real_folk_blues

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