6 ans après le phénomène mondial qu'a été «Parasite», le talentueux Bong Joon-Ho replonge dans la S-F en nous proposant aujourd'hui ce «Mickey 17», co-produit avec les USA (et notamment avec Plan B, la boîte de production de Brad Pitt).
Un film qui figurait parmi mes grosses attentes de l'année et qui, au final, m'a un peu déçu au vu de la qualité de la plupart des films que le cinéaste coréen nous avait offert jusque-là.
Quelque part entre un «Snowpiercer» (de par son esthétique grisâtre et son portrait des classes dominante et dominée) et un «Okja» (de par son ton plus décalé et l'écriture volontairement excentrique et grotesque de certains personnages), cette satire dystopique nous conte l'histoire assez originale de Mickey Barnes, qui s'est porté volontaire pour devenir un "remplaçable" lors d'une expédition spatiale dont l'objectif est de coloniser une planète lointaine appelée Nilfheim.
Véritable rat de laboratoire, il teste tous les dangers possibles (surtout les plus mortels) pour éviter que le reste de l'équipage n'ait à les subir, leur permettant ensuite de créer des vaccins spécifiques en réponse à ces différents dangers. Bref, il se tue littéralement à la tâche...jusqu'à ce qu'on le "réimprime", et c'est reparti.
Un quotidien qui se répète encore et encore, jusqu'au jour où la 17e version de Mickey, que tout le monde pensait mort, se retrouve face à sa version suivante, au tempérament bien plus éruptif. Un malentendu qui représente une infraction aux yeux de la loi en place, et pour lequel ils risquent tous les deux la mort, la vraie, la définitive, sans reboot.
Dotée d'une ambition visuelle certaine et teintée d'un humour noir qui fait souvent mouche, une nouvelle œuvre voulant adapter la frénésie (narration comme interprétation) propre au cinéma coréen aux codes du cinéma hollywoodien, ce qui peut parfois créer une dissonance un peu étrange au cours du film, malgré un casting très investi (Robert Pattinson, qui prend un plaisir non dissimulé à jouer les clones, un peu à la manière d'un Michael Keaton dans «Mes Doubles, ma femme et moi» ; Mark Ruffalo et Toni Collette, cruels et outranciers dans les rôles de ce couple à l'esprit Trumpiste ; Anamaria Vartolomei, qui gère très bien son premier rôle en langue anglaise).
Quant à son scénario, il est à la fois bordélique et (trop) foisonnant (voulant traiter de thématiques comme le clonage, la mort, la politique, la colonisation, le double, l'étranger, etc.), s'éparpillant et se perdant un peu dans tout ce qu'il voudrait nous raconter, et connaissant quelques baisses de rythme au cours de ces 2h17 que dure le film.
J'en attendais peut-être autre chose (le dernier tiers notamment, mettant les envahisseurs face aux aliens, pour se terminer par un happy-end assez expéditif, m'a plutôt moyennement convaincu), peut-être un meilleur équilibre entre décalage et sérieux, entre la vision burlesque de cette chair à canon "immortelle" que représente Mickey et la critique frontale d'un système déviant et abusant de son pouvoir, comme si les deux avaient un peu de mal à s'accorder, à communiquer entre eux.
Bref, vous l'aurez compris, il m'a manqué quelque chose pour classer ce «Mickey 17» parmi les œuvres les plus marquantes de son réalisateur, et ce malgré une mise en scène toujours soignée, une distribution débordante d'énergie (un peu trop diront sans doute certains) et une première partie des plus engageantes.
Une farce divertissante restant assez plaisante à suivre, mais qui ressemble un peu trop à une copie light (plus adaptée aux attentes du public américain peut-être ?) de ce que le cinéaste avait déjà pu nous proposer par le passé.
Bong Joon-Ho s'est-il fait parasiter ? 6-6,5/10.