Dans son programme de film noir à base de kidnapping, de rançon, et d'enquête policière, "Union Station" est sans aucune doute un modèle, un archétype, la matrice du genre. À ce titre, il est totalement dénué de surprise et la progression de l'intrigue est d'une linéarité exemplaire. Et pourtant, une tension très solide parvient à inonder le récit : voilà la seule véritable surprise.
À quelques détails près, le scénario basique remplit le cahier des charges du film noir avec application : la fille (aveugle, seule vraie particularité qui n'aura pas de grande conséquence sur la suite) d'un riche industriel est enlevée, et une rançon sera très rapidement demandée. Toute l'action, ou presque, se joue dans une gare qui donne son nom au film, et c'est William Holden dans sa prime jeunesse, à la fois sobre et classieux, qui endosse le rôle de l'enquêteur en charge de retrouver les criminels. Au-dessus de lui, on retrouve l'inspecteur interprété par Barry Fitzgerald, au visage anguleux si particulier, dans un rôle similaire à celui qu'il occupait deux ans plus tôt dans "La Cité sans voiles" de Jules Dassin. On sent la volonté d'exposer une opposition dans les méthodes des deux policiers, mais cela restera à l'état d'esquisse. Les psychopathes-kidnappeurs n'ont par contre pas trop de place et leurs profils psychologiques seront encore moins développés que ceux du côté de la police.
Tout paraît filer sur des rails de manière un peu trop programmatique, de la découverte des suspects dans un train à la faveur d'un hasard opportun jusqu'à la résolution de l'histoire dans les sous-sols de la gare. On ne comprend pas toujours pourquoi des personnages tombent sous certains coups de feu et pas d'autres, mais cela doit sans doute faire partie du charme de l'action 50s... L'environnement est utilisé dans toutes ses possibilités, tous ses niveaux, toutes ses arrière-salles et tous ses bureaux, et la caméra ne se glissera à l'extérieur qu'à de rares occasions, dans le métro ou dans un ranch de vaches (meurtrières).