Drogue, jugement, animal et liberté.
C'est marrant comme le hasard fait bien les choses parfois. Il y a 2 jours à peine Midnight Express était rangé tranquillement dans ma dvdthèque et j'avais (presque) oublié qu'il y était. Et c'est en passant à côté que je fis tout tomber (oui je suis une sorte de bourrin quand je cherche un film à regarder) et que mon regard s'attarda sur la jaquette. Comme une envie insoutenable de le revoir après toutes ces années. Bref j'ai trouvé ça marrant.
Marrant le film l'est moins. Beaucoup moins même. Un classique du cinéma du non moins classique Alan Parker. Un film qui déclencha une vive polémique à sa sortie de par son aspect que certains jugeaient anti turcs. Des excuses ont été faites par Oliver Stone (alors scénariste) et le vrai Billy Hayes mais le film garda cette réputation au fil des années comme de la démonstration de l'horreur des prisons en Turquie. Pourtant ce n'est pas du tout le sujet principal. Non ce qu'on nous montre, c'est la descente aux enfers d'un homme qui a tenté le diable et qui a perdu. Une longue chute qui le fera revenir inexorablement vers l'état primitif de l'être humain, c'est-à dire le retour à l'état animal.
ATTENTION SPOILERS !
Mais prenons les choses dans l'ordre. Billy Hayes est un jeune américain, qui cherche à faire du trafic de drogue. Il est en Turquie et tente de passer la douane, une ceinture de Hash coller au corps. Malheureusement il se fait chopper et est envoyé dans ces geôles horribles dans lesquelles l'enfer va s'abattre tel la foudre sur le pauvre jeune homme.
Ce qui marque au premier abord, outre les images plus horribles les unes que les autres, c'est le sentiment de révolte qui monte crescendo au fur et à mesure que le film avance. Certes, ce jeune Billy méritait d'être puni, mais méritait-il vraiment toutes les horreurs qu'on lui fait subir dans ces prisons ? Le scénario est écrit de façon à ce que chaque succession de scènes retentissent comme une méchante droite dans la face du spectateur. Et ça marche terriblement bien. L'espoir s'amenuise au fur et à mesure que le film avance, ses proches sont impuissants face au système judiciaire qui souhaite faire de lui un exemple. Son avocat le lâche et il se retrouve bien seul, ne pouvant plus compter que sur lui-même et sur 2 compagnons d'infortune. Mais ça ne suffit pas. La bête s'est réveillée et explose littéralement lors d'une scène d'anthologie. Lassé, de voir un détenu obtenir des faveurs de la part des gardiens, il se jette sur lui et le roue de coups jusqu'à lui arracher la langue avec les dents. Cette scène a fini par me mettre KO, et pourtant nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Car il y a un facteur qui rentre en compte et qui est plus fort que tout. La liberté qui est si nécessaire à l'homme mais aussi à l'animal. Elle va prendre le dessus sur l'animal et va le pousser à tout faire pour s'enfuir.
Je m'arrête là, je ne vais pas tout raconter. Ce résumé m'a surtout permis de souligner des thèmes qui sont très importants et qui montre que Midnight Express est un film qui soulève beaucoup de questions intéressantes. On pourrait très bien débattre sur le film des heures entières grâce à tous les thèmes qu'ils soulève.
Mais si le résultat est aussi puissant à l'écran cela tient aussi à la réunion de talents devant et derrière la caméra. Devant, le regretté Brad Davis crève l'écran et tient sur ses épaules un personnage et tout son malheur. Le rôle d'une vie comme on dit. Il est accompagné de seconds rôles fabuleux, John Hurt en tête, qui campe un personnage spécial et un peu dérangeant. Oliver Stone a écrit un grand film, Alan Parker l'a transposé à l'écran de manière fantastique.
On pourra dire ce qu'on voudra sur Midnight Express, on peut débattre sur son sujet, sur son réalisateur sur ce que l'on veut, il n'en est pas moins un grand film, dont on se souviendra et devant lequel on ne sort définitivement pas indemne.