Midnight Express est l'histoire (vraie, comme souvent) d'un jeune Américain complètement inconscient puisqu'il considère que prendre l'avion depuis Istanbul avec 2 Kg de haschisch à la ceinture est un risque qui vaut la peine d'être encouru. Comme si ça ne suffisait pas, il tente ensuite de s'échapper avant même son jugement et se place donc sur les rails en direction de l'enfer.
J'aimerais commencer par une petite parenthèse. A sa sortie, le film avait créé une polémique car les Turcs trouvaient qu'un portrait peu flatteur était dressé. Avocats véreux, justice bancale, matons tortionnaires, prisons délabrées, sauvagerie permanente parmi les condamnés, certes ça ne fait les affaires des offices de tourisme mais ce sont des thématiques qui ont été abordées aux quatre coins du globe donc ce n'est pas comme si la Turquie était stigmatisée. Les Turcs se plaignent que Billy déclare que la Turquie est une nation de porcs, mais en même temps qui n'aurait pas pensé de même dans sa situation ? A la limite, il est vrai que tous les Turcs montrés à l'écran sont vilains comme des poux et n'améliorent pas l'image de l'homme turc auprès de la gente féminine, mais c'est finalement le cas de tout le monde dans ce film à part le personnage central, point sur lequel je reviendrai plus tard.
Je trouve donc regrettable que tant de personnes aient pris le film au 1er degré en y voyant une propagande anti-Turcs. A mes yeux, le film est plutôt centré sur l'histoire d'un jeune homme étranger, pas méchant mais pas bien malin, qui a fauté et sur qui le sort s'acharne.
Le film est une véritable descente aux enfers dans la mesure où au début, au même titre que le héros, on ne trouve pas la situation si désespérée. Certes, Billy s'apprête à passer quatre ans en prison ce qui n'est jamais une partie de plaisir, mais il se fait vite des amis et apprend à y vivre tout en jouissant d'une certaine liberté de mouvement à l'intérieur de l'enceinte. On est loin du paradis, mais on est aussi loin de l'enfer. Et puis, chaque lueur d'espoir s'éteint. L'état psychologique de Billy se dégrade au fur et à mesure que ses perspectives de libération s'amenuisent et il craque à plusieurs reprises. En découle cette fameuse tirade anti-Turcs qui aura tant fait parler. Si on trouve qu'il manque de sang-froid sur le coup, il faut se mettre à sa place. Comment aurait-on réagi dans sa situation ? Après tout, Billy a commis un délit mais il n'a rien d'un gangster ou d'un trafiquant.
C'est d'ailleurs ici que je trouve judicieux que Parker n'ait pris que des vilains pour jouer les autres prisonniers. Le contraste physique évident entre Billy et ceux qui l'entourent souligne à quel point il n'est pas à sa place. J'accorde que ce n'est pas la façon la plus subtile de le faire, mais ça a son effet. Juste par l'image, on comprend qu'il n'est pas de ce monde et que la peine est finalement disproportionnée.
Un point sur le casting à présent pour dire que Brad Davis est époustouflant. On pourrait croire qu'il s'est enfermé dans une prison pour se préparer au rôle tant il semble marqué. Les passages où il pète un câble sont d'une intensité incroyable. John Hurt est aussi remarquable dans le rôle de Max, doyen des prisonniers étrangers qui a perdu espoir depuis bien longtemps.
Un film à voir donc, mais il est nécessaire de faire abstraction du côté 'histoire vraie' qui pourrait amener une dimension politique qui n'a pas lieu d'être. Il faut plutôt regarder le film comme le récit d'un jeune un peu naïf qui n'aurait jamais imaginé de telles conséquences à ses actes.