Duplicity lights
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Midnight Special commence dans le noir. Dans une voiture qui roule de nuit tous phares éteints. Avec, sur la banquette arrière, un enfant qui lit des vieux Action Comics à travers une drôle de paire de lunettes. Une alerte Amber parle d'un enlèvement d'un enfant par son père. Michael Shannon est grave et concentré. Tout investi dans sa fuite, dans la protection de son fils. La cavale se fait toujours nocturne afin de garder un contrôle tout relatif des étranges capacités du bambin fragile, envisagées comme une menace latente ou une manifestation messianique dans un Ranch qu'il semble avoir connu toute sa jeune vie. Une foi aveugle mise en opposition avec celle, pure, d'un père pour son enfant.
La voiture s'enfonce dans la nuit comme la santé de l'enfant décline. C'est la lumière d'un soleil jaune qui le verra renaître et fera de lui un nouveau guide, même s'il a encore besoin de protection. Le film, à partir de ce moment, s'éclaire subitement et semble révéler la nature de l'enfant, présenté comme un lointain Kal-El pour ceux qui feront le choix d'être sensibles aux multiples références.
Midnight Special balance entre l'obscurité et la lumière, comme il oscille entre le John Carpenter de Starman et le Steven Spielberg de Rencontres du Troisième Type et d'E.T. L'Extra Terrestre qui aurait été dégraissé de l'émotionnel et de l'attachement éprouvé. Ainsi le film semble comme plus détaché, la réalisation comme éthérée. Sans pour autant se perdre en route ou ennuyer le spectateur. Car Jeff Nichols filme avec sobriété la fuite en avant, l'effraction du surnaturel dans le quotidien comme les raies de lumières passent à travers les interstices des cartons dont Michael Shannon calfeutre les fenêtres. C'est aussi une cellule familiale qui se reforme et se soude autour d'un enfant qui fédère les énergies. C'est avant tout une relation père / fils qui se passe le plus souvent des mots pour exister. Jeff Nichols est comme en retrait, mais il cisèle sa réalisation et ses cadres.
Le seul défaut qu'on pourrait peut être lui reprocher, c'est de vendre un peu trop tôt la mèche sur la véritable nature de l'enfant qu'il met en scène, alors que le mystère de ses origines aurait décuplé l'impact d'un climax touchant au merveilleux. Mais Jeff Nichols a su faire en sorte de laisser au spectateur sa propre interprétation de la présence du bambin parmi les adultes
et de ce qui est dévoilé par les capacités de cet enfant lumière, entre manifestation d'un monde extra-terrestre, illustration d'un monde invisible ou encore expression d'un au-delà.
Il entrebaille littéralement une porte sur un nouveau monde. Un monde qui valait que soit entrepris un tel voyage vers l'inconnu et que soit investie notre propre foi, comme celle des personnages qui sont destinés à accepter le départ et la séparation.
Midnight Special est un abandon, une invitation à se laisser entraîner. Une sobriété bienvenue, une douce intrusion science-fictionnelle lumineuse.
Behind_the_Mask, qui regarde les étoiles.
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Créée
le 23 mars 2016
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