Duplicity lights
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le 17 mars 2016
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Après avoir livré la lie de la SF moderne avec Take Shelter, on pouvait faire confiance à Jeff Nichols pour saloper encore une fois le genre. Sauf que cette fois il ne s'attaque pas uniquement à Steven Spielberg ( E.T. ) mais aussi à John Carpenter ( Starman ) et James Cameron ( Terminator 2 ). Et Dieu sait que ce n'est pas facile quand on a le cerveau d'un hamster de se mesurer à ces titans.
Mais Jeff il a peur de rien.
Il concocte donc un road-trip la nuit tous feux éteints pour protéger un enfant important, qui se trouve être une sorte d'Alien pacifiste et qui doit retrouver les siens, au beau milieu de nulle part.
La première chose qui choque, dans son "scénario" c'est le caractère arbitraire et forcé de chaque situation. "Comme par hasard" est la phrase qui reviendra le plus souvent.
Un exemple au début du film : comme par hasard, pile au moment où Joel Edgerton enlève ses lunettes-vision-de-nuit, une voiture fait irruption en travers de la route. Comme par hasard, un state-trooper passait dans les parages...
La main du scénariste est visible dans les moindres recoin de l'écran, c'en est bouleversant.
La deuxième chose, c'est que Jeff écrit des détails dont il a besoin sur le moment mais qu'il laisse tomber par la suite sans aucune explication.
Le Ranch, cette secte déifiant l'enfant, le pourchasse "sans relâche" en envoyant juste deux pèquenauds donc un électricien chercher des indices dans son sillon. Les scènes du Ranch, au début, révèlent sans trop de conviction quelques détails sur le trio de fuyards, et une fois qu'on a tous les éléments de l'intrigue, Jeff les laisse lamentablement tomber. Genre ils ont fait "Oh et puis merde, on a pas besoin d'être sauvés le jour du jugement, finalement. A la place, on n'a qu'à planter des choux, à la mode, à la mode..."
L'électricien se fait buter dans une fusillade encore plus minable que celle de Mud.
La NSA et l'armée prennent le relai, car ce sont des adversaires plus solides. On sent bien que Jeff écrit au fil de la plume sans jamais se relire, en fonction de lubies toutes plus où moins pompées sur ses prestigieux aînés. Le problème c'est que tout solide qu'ils sont, ils font preuve d'une stupidité rare.
Une fois en possession des coordonnées précises que vise l'enfant, ils surveillent les alentours à fond, avec barrages routiers, hélicoptères et tout... Mais PAS l'endroit en question qui est laissé sans surveillance !
Et puis leur réseau d'analyse consiste en deux pauvres mecs dont un qui dort. Au cours d'une scène, Adam Driver se la joue James Spader dans Stargate qui a tout compris et gribouille des trucs au tableau... Sauf que là, il entoure deux nombres au pif avant de déclarer "remarquable !" alors que le lieu en question n'est qu'un marécage au milieu de nulle part.
Jeff nous pond alors cette histoire de monde parallèle encore moins satisfaisant que le coup des "espaces entre les espaces" d'Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Si vous voulez des récits de mondes alternatifs bâtis sur le notre, lisez des Murakami.
Evidemment, le scénariste et le réalisateur étant un seul et même homme, la mise-en-scène suit ce principe de n'en avoir rien a foutre de ses propres principes !
Exemple le plus flagrant : les lunettes de bain du bambin. Là pour faire joli apparemment, puisqu'elle n'aident ni ne préviennent les yeux-brillants. Un leurre. Un piège à bouffon. "Oh il est trognon le gamin aux lunettes, ça rend trop bien, c'est mystérieux, mais quel génie, Jeff Nichols, c'est le prochain Spielberg !"
Pour ma part, c'est le dernier film que je vois de lui. De toute ma vie. Il a eu sa chance, il a foiré avec une vigueur d'hippopotame, qu'il aille mourir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films qui seraient bien meilleurs s'ils avaient été réalisés par Dolph Lundgren et 2016 - FLOP 10
Créée
le 23 mars 2016
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