Un peu trop sérieux

Nichols construit une tension captivante. En quelques minutes d’introduction, il tient le public dans le creux de sa main et il fait de Midnight special un creuset à fantasmes dont la portée visuelle est prenante... Le minimalisme est de rigueur et c’est par la suggestion que le film tient sa force. Cependant, on sent d'ailleurs, qu'à trop jouer l'épure, le film s'essouffle un peu. On s'étonne que certaines idées passionnantes ne soit pas davantage exploitées dans la deuxième partie. Certes, l'ambition du film est de se tenir sur une ligne droite, à l'essentiel : suivre la cavale d'Alton et de son père sans jamais regarder en arrière. Seulement, le film perd parfois en intensité ; la menace, d'abord omniprésente, s'étiole au fur et à mesure. On dirait que les personnages sont tellement écrasés par leur sérieux robotique qu'ils oublient d'être vivants. De plus, la fin (avec la redondance de la musique, la longueur du moment et la visibilité subite) ternit le film…
C'est le paradoxe de cette réussite bancale : si le film étouffe un peu trop son mystère (le manque de fragilité, de trouble et de poésie pour être vraiment emporté ), Midnight special reste plaisant avec un récit à la simplicité assez rafraîchissante.