Duplicity lights
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le 17 mars 2016
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Ceux qui me connaissent et me suivent depuis un petit moment savent à quel point le cinéma de Jeff Nichols, aussi beau soit-il, m'ennuie profondément. C'est pourquoi je n'ai pas découvert Midnight Special tout de suite, bien que pour une fois le sujet pouvait possiblement m'intéresser.
J'ai en effet bien fait de prendre mon temps avant de regarder le film, la hype autour de lui est retombée et j'ai donc pu découvrir l’œuvre de manière plus neutre. J'arrête de tourner autour du pot : ce film m'a plu.
Pour plusieurs raisons, notamment celle qui pousse la narration à ne pas trop en dire, c'est assez surprenant mais le film n'en fait pas des caisses sur la psychologie des personnages et finalement on se laisse bercer par le flot du récit qui nous dévoile quelques infos par-ci par-là sans jamais vraiment mettre l'accent à tout poser clairement. L'attachement aux personnages n'en n'est que plus grand et toute la thématique sur la famille gagne en puissance.
D'ailleurs concernant la famille, le sujet s'avère émouvant ici, la SF n'étant finalement qu'un prétexte pour mieux parler de l'amour familial et surtout de celui des parents envers leurs enfants. Le film ne cherche pas à faire la métaphore de quoi que ce soit, pourtant il y a de vrais symboles forts tout au long du film. On peut y voir notamment un père et une mère qui tentent le tout pour le tout afin de protéger leur enfant vulnérable, ce qui nous amène évidemment à penser de manière plus réaliste quant aux parents dont l'enfant est malheureusement touché par une maladie grave. Le dernier acte du film vient d'ailleurs corroborer cette idée, lorsque la mère laisse partir son fils accomplir son destin, tout le film nous amène à cette scène là et on pense évidemment au thème de la mort. Que l'enfant présenté dans le film soit un extra-terrestre n'a finalement pas de grande importance, c'est ce que sa condition traduit qui importe vraiment. Ainsi lorsque le petit Alton, formidablement incarné par Jaeden Lieberher, accomplit finalement ce que tout le cheminement du film nous amené à voir, les grandes structures de science-fiction qui apparaissent un peu partout dans le décors, ne sont pas sans évoquer un autre monde que l'enfant doit rejoindre, l'au-delà.
Midnight Special grâce à son dernier acte prend une dimension émotionnelle assez folle, tant la scène entre Kirsten Dunst et Jaeden Lieberher évoque la perte d'un enfant et la dure acceptation des parents face à une telle, mais inévitable, situation. Tout l'acte final vient sublimer ce que le récit nous a raconté avant à travers la détermination du père, campé par l'excellent Michael Shannon. On sent évidemment beaucoup les influences de Spielberg sur l'oeuvre de Nichols. Ce dernier n'a pas la prétention de vouloir dépasser le maître mais s'attache à rendre hommage tout en dépeignant un sujet qui semble le toucher énormément. Midnight Special est indéniablement un film fait avec le coeur et cela se sent, c'est aussi pour cela qu'il m'a tant plus je pense. Nous sommes loin de la froideur de Take Shelter ou Mud.
Avec Midnight Special Jeff Nichols s'emploie à raconter une histoire forte sur l'amour céleste, pour mieux aborder le sujet compliqué de la famille et surtout de la perte d'un enfant. Il est clair que le film ne prétend jamais à être drôle, c'est justement là la grosse différence avec l'oeuvre de Spielberg, mais il n'en demeure pas moins que le long-métrage de Nichols s'avère infiniment poignant.
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Créée
le 11 juin 2016
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