Version longue du film d'Ari Aster, je ne trouve pas que la director's cut de Midsommar ajoute beaucoup d'éléments à l'intrigue originale. Je n'ai à vrai dire pas cerné de différences scénaristiques, toutes les scènes clés semblent bien être présentes dans la version cinéma.
Cependant, cette version-là prend plus le temps d'installer son atmosphère. Là où le film d'origine est déjà assez long et s'est vu reproché quelques longueurs, on peut dire qu'elles sont ici extrapolées. Mais ce n'est pas un mal : si tant est qu'on arrive à adhérer à l'ambiance du film, alors ça devient un vrai trip cauchemardesque sans échappatoire.
Midsommar ne mise pas sur les mêmes codes que les films d'horreur des dernières décennies, et c'est sa grande qualité. Il cherche à mettre mal à l'aise, plus qu'à mettre en danger son personnage principal. Tout comme dans Hérédité, Ari Aster installe tout d'abord le drame, les relations entre les personnages ; la véritable horreur ne vient qu'après, et la violence s'en retrouve décuplée.
Pour poursuivre dans la comparaison avec Hérédité, on note la qualité de la performance des acteurs, notamment Florence Pugh qui brille dans ce rôle pourtant pas évident. Malgré des scènes où elle est très expressive, on n'a jamais l'impression qu'elle en fait trop.
La fin comme couronnement du personnage principal semble être chère à Ari Aster qui offre au personnage de Florence Pugh une fin similaire à celle de son premier film. Cette fin ne conclue donc pas seulement la partie horrifique du film, qui meurt avec l'incendie, mais aussi la partie dramatique, alors qu'on voit enfin notre personnage sourire, émancipée de sa relation de couple malsaine.
Mais contrairement à Hérédité, Midsommar mise sur le réalisme de son histoire. On pourrait éventuellement le rapprocher du film Le Village de Shyamalan sous pas mal d'aspects, bien que les deux films aient des finalités très différentes.
Même si sa longueur et sa mise en place progressive pourraient en rebuter plus d'un, le doux cauchemar de Midsommar reste une expérience assez unique dans le paysage du film horrifique d'aujourd'hui. Suivi de près par l'excellent The Lighthouse, j'espère qu'il inspirera - ainsi que le film d'Eggers - une mouvance par la suite, et que l'inventivité et l'audace dont il fait preuve ne resteront pas sans successions.