Miele. Irene. Miele. Jasmine Trinca joue double rôle avec une grâce subtile dans le tout premier film de Valeria Golino. Tour à tour, elle est Irene, une étudiante en médecine et passe sa vie entre Rome et Padoue, sur son vélo ou dans l'océan, à affronter les vagues, et qui partage sa vie entre son père et son amant volage. Ou bien elle est Miele, la jeune femme triste et mystérieuse, qui entre deux vols à Mexico, aide des malades en phase terminale à en finir avec la vie.
Selon un rituel bien précis, Miele administre un barbiturique vétérinaire récupéré dans des pharmacies mexicaines au malade, elle l'accompagne de vodka et d'une musique de son choix. Tout est extrêmement précis, c'est le malade qui doit procéder aux derniers gestes. Tout doit se faire en douceur. Miele.
L'idée de l'euthanasie, tabou en Italie (voir La belle endormie, de Marco Bellocchio, sorti récemment) est traité sans pathos, avec délicatesse, et neutralité. Et c'est bien le principal bémol de ce film. On ne ressent absolument aucune émotion lors des scènes où Miele aide les patients ; étonnants moments. Mais est-ce que Miele ressent quelque sentiment en le faisant ? C'est bien la question qui se pose. La jeune femme, qui a perdu sa mère d'une longue maladie il y a dix ans, agit froidement et mécaniquement. C'est comme une catharsis qu'elle met en oeuvre sans éprouver le moindre soulagement. Le spectateur devient un voyeur des temps modernes, un peu comme dans Facebook, et cette sensation est finalement assez désagréable.
L'absence d'émotion ne convainc pas face à une histoire qui avait pourtant de nombreux ingrédients pour réussir : Jasmine Trinca incarne à merveille le rôle d'une jeune fille à un tournant de sa vie ; sa rencontre avec Carlo Cecchi dans le rôle du vieux monsieur désabusé aurait pu nous transporter ; la bande-son est, quant à elle, incroyable.
Un beau premier film qui reçoit nos encouragements, parce qu'on aime l'Italie, Valeria et Jasmine !